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Taux élevés et faiblesse du dollar canadien : pourquoi il vaut mieux tirer parti de sa valeur nette aux États-Unis

Par Diane Amato

Publié le 15 mars 2023 • 9 min de lecture

La hausse des taux d’intérêt, la faiblesse du dollar canadien et l’imminence d’une récession se conjuguent pour faire pression sur les Canadiens qui possèdent une résidence aux États-Unis. En puisant dans leur valeur nette constituée, ces Canadiens pourraient débloquer des liquidités sans devoir vendre la propriété.

Les Canadiens qui aiment passer du temps aux États-Unis sont doublement pénalisés. Au fil des hausses de taux d’intérêt, en effet, le taux de change entre les dollars canadien et américain devient moins favorable, faisant augmenter le coût réel des versements hypothécaires. Au moment de rédiger le présent article, la valeur du dollar américain était supérieure de 34 % à celle de notre monnaie, abaissant ainsi le pouvoir d’achat des Canadiens aux États-Unis. De surcroît, le coût de la vie au sud de la frontière a augmenté au moment même où l’écart de change atteignait un niveau record de plusieurs années.

Pourquoi le dollar canadien est-il si faible ?

L’affaiblissement du dollar canadien au cours de la dernière année est imputable en grande partie à la hausse des taux d’intérêt aux États-Unis. Alors que la Réserve fédérale américaine tente de maîtriser l’inflation en relevant ses taux, le dollar américain, dont la valeur est toujours l’une des plus élevées à l’échelle mondiale, est devenu encore plus attrayant pour les investisseurs étrangers. L’économie du Canada étant beaucoup moins importante que celle des États-Unis, le huard n’arrive pas à suivre la cadence du billet vert. Résultat : le dollar canadien oscille autour de 75 cents par rapport au dollar américain.

Comment les propriétaires d’une résidence aux États-Unis peuvent-ils obtenir des liquidités en dollar américain ?

Comme une récession semble se dessiner, il est plus important que jamais d’adopter une approche stratégique en ce qui concerne les liquidités. Si vous êtes propriétaire d’une résidence aux États-Unis, vous avez sans doute plusieurs obligations financières dont vous devez vous acquitter en dollars américains.

Si vous convertissez des dollars canadiens en dollars américains à chaque échéance, vos pertes découlant du taux de change seront importantes. Toutefois, vous ne voulez pas renoncer à votre propriété aux États-Unis. Après tout, la vente de celle-ci aurait des incidences fiscales et financières auxquelles vous ne voulez peut-être pas faire face.

Alors, que faire ? Vous pourriez tirer parti de la valeur nette accumulée dans la propriété pour débloquer des liquidités. Nous nous sommes entretenus avec Alain Forget, chef, Vente et expansion des affaires, RBC Bank, pour connaître son point de vue.

« Si vous êtes propriétaire d’une résidence aux États-Unis, surtout dans les États clés de la Ceinture de soleil comme la Floride, l’Arizona ou la Californie, la valeur nette dans la propriété pourrait être plus élevée que vous ne le croyez, affirme M. Forget. Au cours des trois dernières années, en effet, l’évaluation des maisons dans ces États a augmenté de 30 à 40 %. »

Cependant, prévient M. Forget, cette valeur nette entraîne des coûts en hausse, notamment les taxes foncières et les primes d’assurance habitation. Il estime que le recours à la valeur nette constitue une solution simple pour atténuer les répercussions de la hausse des coûts, particulièrement si on n’a pas de liquidités américaines utilisables.

M. Forget estime que les Canadiens qui ne veulent pas renoncer au mode de vie transfrontière en vendant leur propriété aux États-Unis devraient envisager de tirer parti de la valeur nette accumulée au cours des dernières années. La situation peut être encore plus onéreuse pour les propriétaires de copropriété ou de maison en rangée, qui pourraient se voir imputer des cotisations spéciales afin de pouvoir mettre leur propriété en vente.

Utiliser sa valeur nette ou vendre ?

Le terme « valeur nette » désigne la différence entre la valeur marchande d’une propriété et le montant du prêt hypothécaire. Par exemple, si la valeur marchande de votre maison est 250 000 $ et que votre prêt hypothécaire s’élève à 150 000 $, la valeur nette de votre maison est de 100 000 $. M. Forget croit que de nombreux Canadiens ont déjà constitué une importante valeur nette aux États-Unis :

« Comme de nombreux Canadiens, vous avez peut-être acheté votre propriété aux États-Unis comptant entre 2010 et 2012, période durant laquelle la valeur du dollar canadien égalait, ou presque, celle du dollar américain. Supposons que vous l’avez payée 200 000 $ US en 2010 et qu’elle est maintenant évaluée à 400 000 $ US. Le taux de change du dollar canadien en dollar américain étant maintenant d’environ 0,74 $, l’utilisation de votre valeur nette entraînerait d’importants gains. »

Donc, que faire si vous disposez de valeur nette aux États-Unis ? « Vous avez deux options, dit M. Forget. La première : la vente de la propriété. Cette option n’est pas sans inconvénient : notamment, vous devez payer des impôts sur les gains de capital aux États-Unis et au Canada. » Et la deuxième option ? Selon M. Forget, vous pourriez obtenir une marge de crédit sur valeur nette, qui vous permettrait d’utiliser directement des dollars américains ou de convertir des dollars américains en dollars canadiens pour profiter de la faiblesse actuelle du huard. Ces opérations par l’intermédiaire d’une telle marge de crédit sont non imposables. Il est fortement recommandé de consulter un conseiller en services financiers ou planificateur financier canadien avant de prendre une décision.

Les avantages de tirer parti d’une valeur nette

La façon la plus courante de tirer parti d’une valeur nette est d’ouvrir une marge de crédit sur valeur nette. Celle-ci fonctionne comme une marge de crédit ordinaire, vous permettant d’emprunter de l’argent jusqu’à la limite de crédit. Comme il s’agit de crédit renouvelable, vous effectuez les tirages et les remboursements que vous souhaitez, dans la limite du crédit accordé. La marge étant garantie par votre maison, le taux d’intérêt est généralement considérablement inférieur à celui des autres formes de crédit non garanti.

Le taux d’intérêt des marges de crédit sur valeur nette (ainsi que d’autres formes d’emprunt) a augmenté au cours de la dernière année, mais ces frais d’intérêt, actuellement de 6 à 7 %, sont très inférieurs aux frais engagés pour la conversion de dollars canadiens en dollars américains. Par conséquent, l’utilisation de votre valeur nette par l’intermédiaire d’une marge de crédit sur valeur nette est un moyen très efficace d’obtenir des liquidités américaines. Et si vous devez accroître vos liquidités canadiennes – et non américaines –, vous réaliseriez des économies de change en achetant de la monnaie canadienne par l’intermédiaire de votre marge de crédit sur valeur nette.

Une marge de crédit sur valeur nette offre également d’autres avantages :

  • Commodité : Une fois la marge de crédit sur valeur nette en place, vous pouvez en tirer des fonds sans avoir à faire une nouvelle demande à chaque fois.

  • Options de remboursement souples : Vous pouvez effectuer des versements sur intérêts seulement ou payer en tranches plus importantes afin de réduire votre solde.

  • Possibilité d’augmenter votre cote de solvabilité aux États-Unis : L’ajout d’une marge de crédit sur valeur nette à votre portefeuille de crédit aux États-Unis et l’exécution de versements réguliers dans les délais prescrits peuvent accroître votre cote de solvabilité aux États-Unis, ce qui pourrait être utile pour tout achat futur d’une propriété dans ce pays ou pour tout autre besoin d’emprunt.

Mise en garde : Utilisez votre marge de crédit sur valeur nette judicieusement

Étant donné qu’une marge de crédit sur valeur nette facilite l’accès à d’importantes sommes d’argent (jusqu’à 80 % de la valeur de votre maison), il importe de tenir compte des conséquences de cette forme de crédit. Par exemple, il est facile d’obtenir des fonds grâce à sa commodité et à ses options de remboursement, mais il est tout aussi facile de dépasser son budget impulsivement. De plus, comme votre maison sert de garantie, celle-ci pourrait être à risque si vous utilisez la marge jusqu’à sa limite de crédit, puis cessez d’effectuer le versement mensuel minimum. Il convient aussi de mentionner qu’en puisant dans la valeur nette de votre maison par l’intermédiaire d’une marge sur valeur nette, le produit net de la vente ou du refinancement éventuel de la propriété s’en trouvera diminué du solde de la marge.

Tirez le maximum de la valeur nette de votre maison aux États-Unis. Les liquidités américaines que vous en obtenez peuvent vous permettre de conserver votre propriété, d’alimenter votre budget et de profiter de la vigueur du dollar américain.

Le présent article vise à offrir des renseignements généraux seulement et n’a pas pour objet de fournir des conseils juridiques ou financiers, ni d’autres conseils professionnels. Veuillez consulter un conseiller professionnel en ce qui concerne votre situation particulière. Les renseignements présentés sont réputés être factuels et à jour, mais nous ne garantissons pas leur exactitude et ils ne doivent pas être considérés comme une analyse exhaustive des sujets abordés. Les opinions exprimées reflètent le jugement des auteurs à la date de publication et peuvent changer. La Banque Royale du Canada et ses entités ne font pas la promotion, ni explicitement ni implicitement, des conseils, des avis, des renseignements, des produits ou des services de tiers.

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Sujets:

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