Comment les banques centrales façonnent l’économie et vos finances

Les banques centrales, comme la Banque du Canada ou la Réserve fédérale des États-Unis, exercent un pouvoir énorme. 

Ce ne sont pas des banques comme les autres. Vous ne pouvez pas y aller pour déposer votre argent. Vous n’y verrez pas de guichet automatique. Aucune réception accueillante n’est prévue pour les clients. Les banques centrales gèrent la masse monétaire pour aider à contenir l’inflation tout en renforçant l’économie. 

Leurs décisions peuvent influer sur divers aspects de vos finances, qu’il s’agisse des frais hypothécaires, des intérêts de votre compte d’épargne ou du rendement de votre portefeuille. Voici une introduction au fonctionnement interne des banques centrales et à leur incidence sur vos finances.

Que font les banques centrales ?

De manière générale, les banques centrales gèrent le système monétaire de leur pays. La Banque du Canada, par exemple, conçoit et émet notre monnaie, le dollar canadien (CAD). Les pièces sont produites par la Monnaie royale canadienne, tandis que les billets sont imprimés par la Compagnie canadienne des billets de banque. De plus, elle surveille la monnaie déjà en circulation.

Les banques centrales jouent également un rôle essentiel dans la modération de l’économie. Par exemple, elles ont l’autorité de fixer le taux de financement à un jour, qui a une incidence sur le taux d’intérêt préférentiel des institutions financières. En outre, elles mettent en œuvre des politiques pour gérer l’inflation et faire en sorte que la valeur du dollar canadien demeure stable par rapport aux autres devises.  

L’évolution des taux d’intérêt : de 2020 à maintenant

Les banques centrales sont surtout connues pour fixer les taux d’intérêt, qui se répercutent sur l’ensemble de l’économie et sur vos stratégies de placement. Pas plus tard qu’au début de 2020, la plupart des banques centrales occidentales conservaient des taux proches de zéro, ce qui avait pour but de faciliter les emprunts.

Les dérèglements de la chaîne logistique et une foule d’autres chocs pandémiques ont ensuite entraîné une hausse vertigineuse du coût de la vie (c’est-à-dire l’inflation) dans de nombreux pays développés, y compris le Canada.

La Banque du Canada a réagi en relevant les taux d’intérêt à sept reprises en 2022. Puis, elle les a augmentés légèrement, trois fois en 2023. Résultat, le taux de financement à un jour est passé de 0,25 % à 5,00 % en seulement deux ans. Les coûts d’emprunt des Canadiens ont bondi, surtout ceux des propriétaires de maisons ayant un prêt hypothécaire à taux variable, puisque le taux de ces prêts a augmenté en même temps que le taux de financement à un jour. 

En 2024, cependant, les taux ont commencé à diminuer. La Banque du Canada a effectué trois baisses de 0,25 % en juin, en juillet et en septembre.

À propos de l’inflation

Les banques centrales jouent un autre rôle très important dans la gestion de l’économie : elles sont chargées de contrôler l’inflation. La Banque du Canada vise un taux d’inflation d’environ 2 %, soit le milieu de sa fourchette cible de 1 % à 3 %.

En cas de flambée de l’inflation, les banques centrales tentent de freiner les dépenses de consommation en augmentant les taux d’intérêt. Ce qui signifie que les coûts d’emprunt augmentent eux aussi. À l’inverse, elles peuvent réduire les taux pour tenter de stimuler l’activité économique, ce qui rend le crédit plus abondant.

En prenant des décisions relatives aux taux d’intérêt, les banques centrales espèrent un « atterrissage en douceur ». C’est le terme qu’on utilise pour indiquer qu’il faut ralentir l’économie sans provoquer une grave récession ni de pertes d’emplois massives. 

L’incidence des fluctuations de taux sur les Canadiens

Les changements apportés aux taux d’intérêt peuvent avoir de grandes répercussions sur vos finances. Voici ce qui se produit généralement quand les taux changent :

1. Les coûts d’emprunt fluctuent.

Les mouvements des taux d’intérêt peuvent avoir des répercussions importantes sur les dettes des Canadiens, par exemple leurs prêts hypothécaires. Quand les taux diminuent, les consommateurs peuvent habituellement obtenir du crédit à moindre coût. 

Si vous avez un prêt hypothécaire à taux fixe, vous pourrez généralement décrocher un taux d’intérêt inférieur. Toutefois, les changements de taux n’ont aucune incidence sur les prêts à taux fixe existants. Si votre prêt est à taux variable, une plus grande part de vos versements s’appliquera à la partie du capital, ce qui accélérera le remboursement.

De même, si vous avez un prêt personnel à taux variable, vos versements mensuels pourraient diminuer.

2. L’inflation monte et descend.

Les taux d’intérêt peuvent avoir une relation inversée avec l’inflation : l’inflation augmente généralement quand les taux d’intérêt baissent, et vice versa. Par conséquent, une baisse des taux pourrait se répercuter sur votre budget à cause d’une augmentation des prix. 

3. Votre épargne produit plus ou moins d’intérêts.

La modification du taux de financement à un jour a également une incidence sur les intérêts que vous accumulez avec votre épargne et les certificats de placement garanti (CPG). En général, plus le taux de financement à un jour est élevé, plus vous gagnerez d’intérêts sur votre épargne. À l’inverse, quand les taux baissent, les intérêts que vous êtes susceptible d’obtenir avec votre compte d’épargne ou à l’ouverture d’un CPG diminuent.

4. Le rendement de votre portefeuille peut changer.

Les taux d’intérêt influent sur le marché boursier. De façon générale, le marché boursier réagit favorablement aux baisses de taux. Le rendement de votre portefeuille peut alors augmenter. L’influence des taux d’intérêt sur le marché est toutefois complexe, et leur incidence sur votre portefeuille dépend de vos avoirs et de votre stratégie de placement. 

Quand les taux fluctuent, vous pourriez être tenté de rajuster votre portefeuille pour l’adapter à l’économie. Toutefois, la volatilité du marché à court terme pourrait n’avoir aucune incidence sur vos objectifs à long terme. Nous vous recommandons de communiquer avec votre conseiller pour en discuter et vous assurer ensemble que votre stratégie de placement appuie vos objectifs. 

Les outils monétaires : au-delà des taux d’intérêt

En plus des taux d’intérêt, les banques centrales disposent d’autres outils pour veiller à la stabilité financière et économique.

Parmi ces outils figure le coefficient de réserves obligatoires, qui détermine le montant que les banques commerciales peuvent prêter aux clients. Quand le coefficient diminue, les institutions financières peuvent prêter davantage, ce qui peut stimuler la croissance économique. Les banques centrales peuvent aussi acheter des titres sur le marché libre (en général, des obligations d’État à long terme) pour accroître le volume des liquidités dans l’économie. La manœuvre s’appelle l’assouplissement quantitatif, qui est une politique monétaire assez récente.

Selon les économistes, dans la dernière décennie, une ère de « politique monétaire souple » a en partie alimenté une expansion économique ayant enrichi les sociétés et les consommateurs. Lorsque le crédit est abondant, les sociétés ont tendance à accroître l’embauche et la production. Les marchés boursiers s’en trouvent également renforcés, et le prix des actifs grimpe.

Les banques centrales ne sont pas à l’abri des pertes

L’influence de la politique monétaire ne se limite pas aux résultats des entreprises et aux portefeuilles des particuliers. Les banques centrales elles-mêmes peuvent aussi subir la pression de la hausse des taux d’intérêt. En effet, leur bilan contient des actifs (ex. : revenus d’achat des obligations et placements) et des passifs (ex. : coût du paiement des intérêts sur les dépôts provenant des institutions financières du pays).

Habituellement, les actifs d’une banque centrale sont supérieurs à ses passifs et les bénéfices sont distribués au gouvernement. Cependant, si les taux d’intérêt augmentent, il en va de même pour la somme qu’une banque centrale doit à ses créanciers. Quand le montant de cette colonne dépasse celui des actifs, la banque peut commencer à perdre de l’argent.

En 2022, la Banque du Canada a enregistré une perte pour la première fois dans ses 87 ans d’histoire, soit 522 millions de dollars au troisième trimestre. Toutefois, les pertes ne l’empêchent pas de mettre en œuvre des politiques monétaires. 

Un portefeuille adapté à vos objectifs dans une économie en évolution

Pour les investisseurs, il importe de comprendre que les décisions des banques centrales peuvent avoir des conséquences sur le pouvoir d’achat, les perspectives d’emploi et le bien-être financier.

Pour en savoir plus sur l’incidence des décisions de la banque centrale sur vos finances et pour parler des répercussions possibles de l’économie sur vos objectifs de placement, communiquez avec votre conseiller.

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