Sharing Our Cultures : promouvoir le multiculturalisme et l’inclusion à Terre-Neuve-et-Labrador
Publié le 23 février 2022 • 7 min de lecture
Titulaire d’un doctorat en éducation de l’Université d’Australie du Sud, Lloydetta Quaicoe est spécialisée dans l’éducation, l’acculturation et l’appartenance des enfants nouveaux arrivants. L’une des principales conclusions de sa recherche intitulée « Psychosocial needs of new immigrant and refugee school children » (besoins psychosociaux des écoliers immigrants ou réfugiés) est que de nombreux élèves nouveaux arrivants et réfugiés sont victimes d’un isolement social indésirable, en particulier s’ils ne parlent pas l’anglais. « Le système en vigueur au Canada permet aux élèves de passer d’une année scolaire à l’autre. Ils se font des amis et forment des groupes très soudés lorsqu’ils arrivent au secondaire », explique Mme Quaicoe. « Ainsi, lorsque de nouveaux élèves arrivent, ils ont beaucoup de mal à se fondre dans ces groupes et ils se sentent isolés. »
Elle poursuit en expliquant que de nombreux élèves nouveaux arrivants présentent également des lacunes sur le plan académique, en particulier ceux qui viennent de camps de réfugiés ou de pays en proie à de violents conflits. Elle a également découvert qu’ils étaient victimes d’intimidation à caractère racial et que, en raison de la barrière linguistique, ils étaient incapables de signaler la situation aux enseignants. « Ils étaient nouveaux dans l’école, ils avaient peur et ne voulaient pas causer de problèmes à qui que ce soit. »
Voulant donner suite à ses conclusions, Mme Quaicoe a réuni certains participants à l’étude, soit de nouveaux arrivants et des élèves locaux, afin qu’ils collaborent pour trouver des moyens de rendre l’école plus accueillante pour les nouveaux arrivants. Les élèves ont décidé de monter une pièce de théâtre dont le sujet était l’arrivée d’un jeune venant d’Afghanistan. La pièce mettait en scène un élève intimidateur, contre qui tout le monde s’est retourné à la fin, communiquant aussi le message selon lequel un nouvel élève était tout aussi important que les autres.
« Après la production, les élèves voulaient continuer de se rencontrer : ils voulaient se revoir deux, trois fois par semaine », se souvient Mme Quaicoe. Elle a donc décidé de mettre en place un programme structuré et c’est ainsi que Sharing Our Cultures a vu le jour. Elle a donné aux élèves participants de niveau secondaire l’occasion de faire des recherches sur leur propre culture et de communiquer les résultats dans un forum public. Elle a ensuite invité les écoles à assister à une présentation et a constaté que les enseignants souhaitaient que leurs propres élèves aient l’occasion d’interagir avec leurs camarades nouvellement arrivés. C’est ainsi que Sharing Our Cultures s’est transformé en un événement de type salon professionnel où chaque groupe culturel présente sa culture pour la faire découvrir aux élèves de sixième année. « J’ai choisi la sixième année parce que ces élèves explorent les cultures du monde dans le cadre d’études sociales et qu’ils n’ont généralement pas l’occasion d’interagir avec des personnes issues de cultures qu’ils découvrent dans les manuels scolaires », explique Mme Quaicoe.
Ateliers, présentations et collaborations multiculturels
Mme Quaicoe a pris des dispositions pour que les élèves du secondaire intéressés se réunissent régulièrement à l’école, où Sharing Our Cultures organisait des ateliers. Cette démarche s’est faite en collaboration avec l’Université Memorial et certains étudiants internationaux ont animé de petits groupes. « Ainsi, si un élève préparait un exposé sur la Chine, nous le jumelions avec des étudiants chinois qui étaient déjà à l’université. C’était de bons contacts pour eux, car cela permettait aux élèves du secondaire de voir que quelqu’un de leur pays, qui parle leur langue, est venu au Canada et est désormais à l’université. Ils étaient ainsi motivés pour aspirer à des études supérieures. »
Les salons Sharing Our Cultures ont continué à évoluer, se déroulant le 21 mars ou autour de cette date, soit la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale des Nations Unies. Nous avons donné un aspect positif à la question en disant que, si vous apprenez à connaître d’autres cultures, que vous développez des liens d’amitié avec des personnes de cultures diverses, vous êtes moins susceptibles de faire preuve de racisme ou de discrimination », explique Mme Quaicoe. Avant la COVID-9, les salons étaient présentés à The Rooms à St. John’s et, il y a trois ans, Sharing Our Cultures a étendu ses activités à cinq autres régions de la province.
Aider les jeunes à développer leurs compétences
En 2020, Mme Quaicoe a fait de Sharing Our Cultures une entreprise sociale. « Nous estimions que nous étions au stade où nous devions générer nos propres revenus pour aider la communauté », ajoute-t-elle. Nous avons donc mis en place ce que nous appelons les Cadeaux porteurs de sens ». Il s’agissait d’organiser des ateliers d’employabilité pour les élèves du secondaire et de leur donner une expérience professionnelle au Canada. » Par exemple, au cours de la première année, un spécialiste de la couture a été embauché pour montrer aux élèves à fabriquer des sacs réutilisables et réversibles. On a mis en place un marché improvisé dans une zone touristique, ce qui a donné aux élèves l’occasion d’agir comme associés de la vente. « Nous leur avons appris à utiliser une caisse et ils ont gagné en confiance en s’adressant aux clients », raconte Mme Quaicoe.
À la fin de l’atelier, les élèves ont obtenu un certificat et une lettre de recommandation indiquant qu’ils avaient suivi une formation de quatre mois et acquis diverses compétences. Le but était de leur permettre de trouver du travail dans des restaurants ou des magasins où ils n’auraient peut-être pas été employables auparavant.
Les clés du succès : leadership inclusif et collaboration
Compte tenu de leur dépendance à l’égard des collectes de fonds et des subventions, il est difficile aux organismes sans but lucratif de croître. Sharing Our Cultures a réussi à prendre de l’expansion grâce à ce que Mme Quaicoe décrit comme leur « approche collaborative dans tout ce qui est entrepris ». Selon elle, la clé du succès réside dans un style de leadership et de gouvernance inclusif, ainsi que dans les relations de collaboration qu’elle a favorisées avec des groupes, des instances publiques, des organismes et des communautés de sa province. « Dès le début, j’ai essayé de réunir autant de personnes clés que possible autour de la table. Même avant d’entrer dans les écoles, j’avais fait en sorte qu’un représentant du ministère de l’Éducation, du conseil scolaire et de l’association des enseignants collaborent », affirme-t-elle. Elle poursuit en expliquant que, au fil des ans, lors du lancement d’un nouveau projet, la diversité des voix et des compétences en jeu a permis de réaliser les meilleurs programmes et les événements les plus intéressants.
Un phare dans la communauté
En plus de ses fonctions de direction, Mme Quaicoe est la créatrice, la productrice déléguée et l’animatrice d’une émission de télévision multiculturelle diffusée sur tvRogers. « J’ai lancé l’idée de mettre en lumière la contribution des nouveaux arrivants de diverses origines culturelles à la croissance économique de la province », dit-elle, ajoutant que l’émission a permis de mieux faire connaître Sharing Our Cultures. « Lorsqu’est survenue la tragédie George Floyd, les gens nous ont appelés, demandant comment ils pouvaient soutenir notre communauté. J’ai trouvé que nous étions bien positionnés pour ce genre d’interaction et de mobilisation. »
Le fait d’être honoré par les Prix canadiens de l’entrepreneuriat féminin RBC a également ouvert des portes à Sharing Our Cultures en lui donnant encore plus de reconnaissance et de notoriété. En fait, certaines entreprises privées ont pris contact avec l’organisme pour voir comment elles pouvaient soutenir ses efforts et contribuer à élargir les connaissances des élèves sur les diverses cultures. Selon Mme Quaicoe, il est « merveilleux de constater que de plus en plus de gens réalisent l’apport de Sharing Our Cultures et la valeur de notre organisme pour la province ».
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