Publié le 3 mai 2021 • 7 min de lecture
Dans un récent épisode du balado Insights@work d’ADP, Martha Bird, anthropologue d’entreprise et Heather Haslam, vice-présidente des communications chez ADP ont abordé la question de l’avenir du marché du travail et du changement d’attitude à l’égard du milieu de travail traditionnel.
Récemment, nous avons eu une conversation avec Martha Bird pour savoir ce qu’elle conseille aux employés et aux employeurs pour les aider à tirer le maximum de cette nouvelle réalité du travail qui risque de devenir la norme.
Voici cinq mesures que les dirigeants d’entreprise devraient envisager :
1) Revoir la définition de la productivité
Avant la pandémie, il n’était pas rare d’utiliser des guillemets imaginaires pour parler du travail à la maison. Les employeurs tout comme les employés d’ailleurs croyaient qu’il n’était pas possible d’être productif en travaillant de sa cour, avec les enfants et le chien dans les parages.
Depuis, les Canadiens sont nombreux à être passés au télétravail, mais sans les guillemets. Même qu’une étude d’ADP révèle que 40 % des gestionnaires et des employeurs ont indiqué que leurs employés étaient tout aussi productifs à la maison qu’au bureau, voire même parfois plus.
Mais comme le soulgne Martha Bird, il n’existe pas qu’une seule définition de la productivité. Lorsqu’un employé est au bureau, sa productivité administrative peut être surveillée : envoi de courriels, présence à des réunions, sorties ici et là, etc. En télétravail, ces paramètres ne sont pas disponibles ni utiles pour mesurer la productivité.
« La façon actuelle de vivre et de travailler nous amène à comprendre certaines choses par rapport à la qualité, déclare Martha Bird. Nous commençons à mettre l’accent sur la valeur de notre contribution plutôt que sur le volume de travail accompli. Nous sommes nombreux à nous efforcer de produire en abondance plutôt que de créer de la valeur. Ce changement de mentalité nous sera très utile », mentionne-t-elle.
Elle souligne aussi que les horaires de 9 à 5 sont révolus. Alors que les gens tentent de trouver un équilibre entre leurs engagements personnels, leur style de vie, leur niveau de stress et leur travail, les limites de la journée de travail sont de plus en plus floues, et les gestionnaires ont accepté d’accorder à leurs employés la souplesse dont ils ont besoin. « Lorsque les gens parviennent à être tout aussi productifs en ouvrant leur ordinateur à 10 h, qu’ils sont présents pour leur équipe et font ce qu’ils ont à faire de la maison, il devient difficile de contester ce nouveau mode de fonctionnement », dit-elle.
2) Maintenir des relations personnelles
Martha Bird souligne que les êtres humains ont besoin de contacts entre eux, qu’ils soient physiques ou émotionnels. Or, même les gens qui sont de retour au bureau doivent respecter des contraintes de distanciation dans les espaces ouverts et sont en manque de contacts physiques. « Les humains sont des animaux sociaux qui s’épanouissent au contact des autres. Nous avons besoin de sentir que nous appartenons à une communauté où nous pouvons partager nos histoires et nos connaissances, et contribuer à une vision commune. À l’heure actuelle, les gens qui travaillent de la maison ne profitent pas de ce genre de contact avec leurs collègues. »
Dans la balado, Heather Haslam insiste sur la nécessité de maintenir de solides relations personnelles avec les membres de son équipe et parle des effets d’un simple coup de téléphone. « Les gens apprécient sincèrement qu’on leur manifeste de l’intérêt et qu’on prenne contact avec eux de façon occasionnelle », explique-t-elle.
Du point de vue d’une relation employé-employeur, Martha Bird souligne la nécessité de créer de nouveaux rituels par exemple en fixant un moment dans la semaine pour des entretiens individuels et en insistant sur l’importance d’organiser des réunions structurées et programmées plutôt qu’improvisées.
Elle précise que les gestionnaires doivent déployer des efforts concertés pour obtenir la participation de chacun des membres de leur équipe lors des appels de groupe. « Même si certaines personnes sont mal à l’aise de parler en groupe, l’idée pourrait moins leur déplaire si elles savaient à l’avance qu’il y aura un tour de table où chacun sera invité à s’exprimer. Cette approche permet aux gestionnaires d’être plus inclusifs dans la gestion de leurs équipes. »
3) Faire preuve de bienveillance dans nos relations avec les autres
En cette période d’incertitude qui continue de toucher les Canadiens, Martha Bird nous suggère de faire preuve de bienveillance à l’endroit de ceux qui nous entourent. Elle recommande d’ailleurs aux gestionnaires d’évaluer leur degré d’humanité et de faire preuve d’ouverture respectueuse quant à leur capacité à traverser ces temps difficiles. Elle est aussi d’avis que les employeurs doivent s’efforcer d’aider leurs employés à se sentir libres d’être eux-mêmes au travail, en comprenant que leurs enfants puissent se montrer le bout du nez pendant une réunion Zoom ou qu’on entende un chien japper en arrière-plan. « En demandant à vos employés comment ils se portent vraiment, vous contribuerez grandement à établir une véritable connexion avec eux. C’est d’ailleurs le type de soutien auquel on s’attendra de la part des dirigeants d’entreprise dans cette nouvelle réalité du travail. Il est clair que si vous traitez bien les gens, vous gagnerez en matière d’innovation et de productivité, et le travail de chacun deviendra plus agréable. »
Et même si on a rarement insisté dans le passé sur l’importance pour les gestionnaires de savoir se montrer humains et vulnérables, Martha Bird précise que ce type de sensibilité deviendra plus qu’un atout pour réussir. Chaque gestionnaire doit changer sa mentalité pour passer du « je » au « nous » Je travaille avec vous, vous ne travaillez pas pour moi.
4) Accorder la priorité à son bien-être personnel
Selon une des études d’ADP, 38 % des gestionnaires estiment que leur niveau de stress a augmenté depuis qu’ils travaillent à distance, même si dans l’ensemble les Canadiens se sentent outillés au travail sur le plan de la technologie. Dans la balado, Heather Haslam reconnaît qu’il y a des lacunes en santé mentale. Elle encourage les membres de son équipe à parler de l’importance de la mise en forme, des promenades, des pauses café et plus encore. « Je vous invite à choisir, avec votre équipe, une journée au cours des prochaines semaines pour faire le plein d’énergie. Personnellement, je sais que je suis au sommet de ma forme lorsque je prends soin de moi en dehors du travail. D’ailleurs, j’en ressens les effets sur ma productivité tout au long de la semaine. »
Martha Bird réitère l’importance de prendre soin de soi au quotidien. « Nombreux sont ceux qui tirent avantage d’organiser et de structurer leur horaire. Les gens devraient pouvoir se lever après être restés assis pendant quelques heures et se donner le temps de prendre une bouffée d’air ou un bon café. On ne peut tout simplement pas être au meilleur de sa forme lorsqu’on passe tout son temps en réunions Zoom. »
5) Accorder la permission d’exprimer ses limites
Lorsque de plus en plus de personnes retourneront au bureau, les aspects physiques du travail comme les poignées de main, la tape d’encouragement dans le dos ou la proximité des autres lors de réunions pourraient être une source d’anxiété pour certains employés. Le niveau de confort de chacun pourrait varier et donner lieu à certains malaises.
Selon Martha Bird, nous trouverons des solutions à ce problème émergent lorsque les gens commenceront à revenir au bureau. « L’une des choses que l’on doit considérer est la façon de traiter ceux qui nous entourent. Il ne reste qu’à espérer que les gens soient respectueux et continuent d’adopter des comportements appropriés lorsque nous retrouverons dans des espaces physiques. Je suis d’avis qu’il est important d’exprimer ses limites et d’avoir le droit de le faire.
EN RÉSUMÉ
Bien que le marché du travail ait déjà changé, il continuera d’évoluer. Et même si les employés ne peuvent prédire l’avenir, il importe de bâtir sa confiance, de faire preuve d’empathie et d’accorder la priorité à son bien-être personnel pour maintenir l’engagement, la productivité et le bonheur de tous que l’on soit ensemble physiquement ou virtuellement.
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