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4 conseils utiles pour que la relève en agriculture convienne à tous

Par RBC

Publié le 20 janvier 2022 • 6 min de lecture

Le changement de génération à la tête d’une ferme familiale peut sembler simple. Il suffit de convenir d’un prix et d’un transfert de responsabilités puis de signer les papiers, et le tour est joué.

Mais en fait, c’est presque toujours plus compliqué que ça. Il s’agit de transférer une entreprise « familiale » à laquelle la génération qui la possède a consacré toute sa vie. C’est aussi l’endroit où les enfants ont été élevés et où chacun a apporté sa contribution depuis son plus jeune âge. Cette entreprise a donc une valeur sentimentale qui suscite beaucoup d’émotions. En plus de la génération sortante et de celle qui fait son entrée, il peut y avoir une foule d’autres membres de la famille dont il faudra tenir compte.

Un regard extérieur est fort utile quand la situation est complexe. C’est à ce moment-là que les familles d’agriculteurs canadiens tendent à faire appel à des experts. Yvonne Thyssen-Post, agronome professionnelle et conseillère en exploitation agricole à Truro, en Nouvelle-Écosse, propose quatre étapes pour mener à bien la relève en agriculture lorsqu’il y a plusieurs parties prenantes.

1. Apprendre à cerner toutes les parties prenantes

Il y aura probablement d’autres points de vue à prendre en compte que ceux des anciens et des nouveaux exploitants agricoles et de leurs conjoints respectifs. Dans un premier temps, Mme Thyssen-Post recommande d’apprendre à cerner toutes les personnes qui sont des parties prenantes ou se perçoivent comme telles.

Si la génération sortante a des enfants qui ne sont pas agriculteurs, il y a lieu de les consulter ainsi que leurs conjoints. Ils pourraient estimer qu’ils ont droit à une participation au capital ou à une quelconque forme de paiement. Il peut aussi y avoir des grands-parents et d’autres branches de la famille qui s’intéressent à l’avenir de la ferme.

2. Demander son point de vue à chacun

Lorsqu’une famille d’agriculteurs s’adresse à Mme Thyssen-Post dans le cadre d’un transfert générationnel, elle insiste sur l’importance d’une étape préliminaire.

« Je suggère fortement de parler à toutes les personnes concernées dès le début du processus. Je veux parler aux parents et à tous les enfants, qu’ils soient agriculteurs ou non, ainsi qu’à leurs proches. Bref, à toutes les personnes qui pourraient avoir un intérêt ou qui sont des membres directs de la famille. »

Mme Thyssen-Post mène ces entretiens de façon individuelle et non par couples ou par groupes. Comme elle l’explique, cela permet de s’assurer que chacun donne son avis et, dans le même temps, de remettre en cause des suppositions de longue date. Elle tient à commencer par cette étape, même lorsque la famille d’agriculteurs estime que le successeur a déjà été désigné. C’est un processus qui prend du temps et qui entraîne des coûts supplémentaires, mais elle considère que c’est une étape essentielle.

« Quand on saute cette étape, ça revient nous hanter dans 80 % des cas. En consultant dès le départ toutes les parties prenantes, on confirme qu’elles font partie de la famille et que leur opinion compte. »

3. Rajuster les plans au besoin

Une fois les entretiens terminés, Mme Thyssen-Post s’assoit avec ses clients. Il s’agit habituellement des membres de la génération qui prend sa retraite.

« Parfois, la situation correspond plus ou moins à ce que les parents avaient en tête. D’autres fois, les parents pensent qu’ils ont trouvé un successeur, alors qu’il peut y avoir d’autres personnes qui sont intéressées. »

Si le successeur et son conjoint ne font aucun doute et qu’aucun enfant n’est agriculteur, alors le processus de relève peut être simple. Mais s’il y a plus d’un successeur ou plusieurs parties prenantes qui ne sont pas dans l’agriculture, il faut plus de temps, d’efforts et de compromis pour parvenir à une entente. Au bout du compte, ce sont les propriétaires actuels de la ferme qui décident, mais il est également souhaitable de maintenir l’harmonie au sein de la famille.

« En raison de l’important investissement en capital qu’exige une exploitation agricole, la génération sortante fera presque toujours un transfert sous une forme de don aux successeurs, explique Mme Thyssen-Post. Nous devons donc discuter aussi du traitement réservé aux enfants non agriculteurs. »

4. Veiller à la bonne santé de l’exploitation

Certaines familles d’agriculteurs disposent de suffisamment de liquidités, que ce soit pour satisfaire les attentes des enfants non agriculteurs, assurer aux parents une retraite confortable ou aider la nouvelle génération d’exploitants à démarrer. Mme Thyssen-Post sait d’expérience que peu y parviennent et que le désir de satisfaire tout le monde au détriment de l’avenir de la ferme risque de causer des regrets plus tard.

« De nos jours, de nombreuses exploitations agricoles sont fortement endettées, alors que la génération sortante a besoin de tirer un revenu de la ferme pour pouvoir prendre sa retraite. Dans ce cas, il est très difficile de transférer de l’argent aux parents tout en assurant la viabilité de la ferme pour la prochaine génération. »

Selon elle, la transition fonctionne mieux si l’exploitation est modérément endettée au départ, si les parents ont constitué une partie de leur épargne-retraite en dehors de l’exploitation, et si la nouvelle génération d’agriculteurs apporte du capital. La prochaine génération doit disposer des ressources financières nécessaires pour exploiter la ferme de façon durable. Tout comme leurs parents, les nouveaux agriculteurs seront confrontés à des défis, comme le changement climatique, la tarification des produits et les problèmes de production. Il ne s’agit pas simplement de payer ce que chacun veut ou pense mériter, et d’attendre de la nouvelle génération qu’elle survive avec ce qui reste.

« Il faut aussi que l’entreprise fonctionne », soutient Mme Thyssen-Post.

Une transition bloquée empêche l’exploitation d’aller de l’avant et de saisir des occasions. Tandis qu’une entente conclue à la hâte qui ne tient pas compte des besoins de chacun peut causer des problèmes par la suite.

« J’ai été souvent témoin des conséquences, notamment sur le plan judiciaire avec des poursuites et des procès, ajoute Mme Thyssen-Post. J’ai vu des familles se déchirer et des fermes disparaître, mais j’ai aussi des exemples où la relève a été un succès et où tout le monde collaborait en vue d’un objectif commun.

La plupart des conflits sont dus à un manque de communication au sein des familles. Plus il y a de personnes autour de la table, plus le risque de conflit est grand. Qu’est-ce qui fait que l’agriculture est si difficile en tant qu’entreprise ? C’est le fait que les intérêts de la famille et de l’entreprise se chevauchent. »

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Le présent article vise à offrir des renseignements généraux seulement et n’a pas pour objet de fournir des conseils juridiques ou financiers, ni d’autres conseils professionnels. Veuillez consulter un conseiller professionnel en ce qui concerne votre situation particulière. Les renseignements présentés sont réputés être factuels et à jour, mais nous ne garantissons pas leur exactitude et ils ne doivent pas être considérés comme une analyse exhaustive des sujets abordés. Les opinions exprimées reflètent le jugement des auteurs à la date de publication et peuvent changer. La Banque Royale du Canada et ses entités ne font pas la promotion, ni explicitement ni implicitement, des conseils, des avis, des renseignements, des produits ou des services de tiers.

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