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Une nouvelle alliance met sur pied un système visant à inciter les agriculteurs canadiens à pratiquer une agriculture adaptée au climat

Par Diane Amato

Publié le 27 novembre 2023 • 7 min de lecture

Les débats sur les objectifs de carboneutralité sont maintenant présents dans tous les modes de communication au Canada – dans les publicités, dans les médias sociaux, dans les salles de conférence et les salles de conseil d’administration, et dans les médias traditionnels. Les objectifs sont fixés ; toutefois, pour les agriculteurs qui adoptent naturellement – et par nécessité – des pratiques axées sur la durabilité, la voie à suivre pour atteindre ces objectifs peut ressembler un peu à la traversée d’un champ plein de boue après une pluie de fin de saison, au moment de la récolte. Il faut y entrer, mais le moyen d’en sortir n’est pas clair.

C’est pourquoi une nouvelle alliance canadienne s’est fixé l’objectif de trouver des moyens de réduire les émissions de gaz à effet de serre dans l’ensemble de la chaîne logistique agricole canadienne, en commençant par les champs agricoles. L’Alliance agroalimentaire canadienne carboneutre (Canadian Alliance for Net-Zero Agri-food) (CANZA), fondée en octobre 2023, comprend des sociétés de l’ensemble du secteur agricole. Le groupe s’est fixé comme objectif de réduire de 50 mégatonnes d’ici 2030 et de 150 mégatonnes d’ici 2050 les émissions dans le secteur agricole canadien.

Mohamad Yaghi sait qu’il s’agit là d’un objectif ambitieux, et c’est pourquoi il est enthousiaste à la perspective que l’on puisse rémunérer les agriculteurs canadiens qui pratiquent une agriculture adaptée au climat. M. Yaghi est le responsable principal, Politique agricole et climatique, RBC. Il siège à l’Institut d’action climatique RBC et collabore avec le premier vice-président de RBC, John Stackhouse, qui fait partie du comité administratif de la CANZA.

« Le Canada compte 155 millions d’acres de terres agricoles ; si nous trouvons des moyens de les utiliser efficacement comme puits de carbone, nous pourrions y stocker de 35 à 38 mégatonnes de carbone ou environ 25 % des émissions prévues pour 2050, a déclaré M. Yaghi. C’est une formidable possibilité, mais nous devons toutefois commencer par trouver des moyens de rémunérer les producteurs. »

C’est là que la CANZA entre en jeu. La nouvelle alliance prévoit cinq principaux plans de travail – des domaines dans lesquels on met l’accent sur des activités réalisables pour réduire les émissions. Le premier de ces plans de travail consiste à définir les façons par lesquelles les agriculteurs peuvent stocker du carbone dans le sol, à quantifier cette tâche et à établir la rémunération adéquate.

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Remplir les puits de carbone contre rémunération

« Ce qui nous manque actuellement, au Canada, c’est une façon précise et normalisée de mesurer avec précision la quantité de carbone qu’il est possible de piéger dans le sol, et d’en assurer la surveillance, ainsi que les moyens de rémunérer les producteurs pour la prestation de ce “service public » » a ajouté M. Yaghi.

La CANZA a lancé son premier projet pilote sur le piégeage du carbone avec Kristjan Hebert, de Hebert Grain Ventures en Saskatchewan, afin de se concentrer sur la recherche de moyens simples et précis de mesurer et de surveiller le carbone du sol. Lorsqu’il y aura un moyen accepté de la mesurer, la valeur du carbone en tant qu’actif du sol pourra prendre forme.

« M. Hebert a joué un rôle essentiel dans le cadre de ce premier projet, en fournissant le temps et l’espace requis pour utiliser la technologie servant à mesurer le carbone du sol, au moment où nous découvrons la meilleure façon d’inciter les agriculteurs à obtenir une rémunération et une reconnaissance pour avoir piégé du carbone dans leurs champs agricoles, a ajouté M. Yaghi.

Ce dont le Canada a besoin, selon M. Yaghi, ce sont des règles claires pour donner de l’élan au marché de crédits de carbone. « Le Canada est assurément un chef de file sur le plan des pratiques agricoles durables, mais il pourrait perdre cette position si nous n’agissons pas maintenant et ne trouvons pas un moyen de bâtir un marché du carbone transparent et volontaire. »

M. Yaghi estime qu’à ce chapitre, le Canada est en retard d’environ 10 ans par rapport aux États-Unis, puisque ce pays dispose déjà dans le secteur agricole d’un système mieux défini de surveillance, de mesure et de déclaration du carbone. « Les États-Unis investissent dans des projets adaptés au climat auxquels les agriculteurs peuvent participer – des projets de systèmes de culture sans labours, de culture de couverture et autres projets axés sur des pratiques durables qui permettent de réduire les émissions de GES et de stocker le carbone dans le sol, déclare M. Yaghi. Ces pratiques ne sont pas nouvelles pour les agriculteurs canadiens, mais nous ne disposons tout simplement pas de moyen de rémunérer ceux qui les adoptent.

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Qui paie pour une agriculture durable ?

Dans un contexte d’inflation élevée qui présente des difficultés pour de nombreux consommateurs en raison de la hausse des prix des aliments, on ne s’attend pas à ce que ce soit eux qui paient pour les incitatifs au stockage de carbone sur les terres agricoles. « La CANZA a fait appel aux participants de la chaîne logistique parce que nous attendons des parties prenantes qu’elles augmentent leurs contributions à l’atteinte de la carboneutralité afin d’aider les producteurs à prendre part à ce système, a déclaré M. Yaghi. C’est ce que la CANZA tente d’établir et, même s’il reste beaucoup à accomplir, il est très stimulant de participer à la recherche d’une nouvelle façon de reconnaître le rôle crucial que jouent les agriculteurs dans l’atteinte de la carboneutralité. Nous voulons offrir des solutions – il y en aura plus d’une – afin que les agriculteurs soient rémunérés pour le service public qu’ils offrent en participant à l’atteinte de la carboneutralité. »

En outre, les pratiques adaptées au climat qui augmentent la quantité de carbone stocké permettent d’accroître la production, de réduire les émissions de gaz à effet de serre et de rehausser les rendements pour les agriculteurs. À court terme, ceux-ci pourraient avoir besoin de soutien à l’égard des coûts initiaux et du risque de rendement, à mesure qu’ils modifient leurs pratiques agricoles.

Pour RBC, l’importance de faire partie des acteurs du secteur de l’agriculture durable et de la carboneutralité est d’abord une question d’innovation. « Un secteur agricole axé sur l’innovation maintient l’essor de l’innovation au Canada – de plus, l’agriculture adaptée au climat est celle qui offre aux agriculteurs les plus grandes possibilités sur les plans de l’économie et de l’innovation depuis des générations », ajoute M. Yaghi.

En outre, la CANZA a établi les biodigesteurs en tant que deuxième domaine dans lequel elle souhaite mettre l’accent. Par l’entremise d’un réseau national de biodigesteurs, elle prévoit de mettre en place un plan qui facilitera la collaboration des producteurs en ce qui a trait à l’utilisation de cette technologie dans les endroits au Canada où les émissions sont élevées. Les biodigesteurs représentent un gros investissement ; c’est pourquoi la CANZA cherche des moyens d’offrir des incitatifs commerciaux qui appuieront la formation d’un réseau de biodigesteurs agricoles.

M. Yaghi s’attend à ce que les projets de piégeage de carbone dans les sols et les projets de biodigesteurs de la CANZA produisent des résultats au cours des deux à cinq prochaines années. « Nous voulons vraiment assurer la réussite de ces deux premiers projets afin de nous donner de l’élan, d’apporter une contribution positive et de montrer aux acteurs du secteur agricole le sérieux de notre approche visant à proposer des innovations, des outils et des incitatifs concrets pour soutenir les pratiques axées sur l’atteinte de la carboneutralité. »

La CANZA est une initiative de l’Institut pour l’IntelliProspérité et de l’organisme The Natural Step, et compte parmi ses partenaires RBC, Nutrien, Les Compagnies Loblaw limitée, McCain, Maple Leaf, Arrell Food Institute et BCG. Pour plus de renseignements à ce sujet, veuillez consulter le site canza.ca.

Le présent article vise à offrir des renseignements généraux seulement et n’a pas pour objet de fournir des conseils juridiques ou financiers, ni d’autres conseils professionnels. Veuillez consulter un conseiller professionnel en ce qui concerne votre situation particulière. Les renseignements présentés sont réputés être factuels et à jour, mais nous ne garantissons pas leur exactitude et ils ne doivent pas être considérés comme une analyse exhaustive des sujets abordés. Les opinions exprimées reflètent le jugement des auteurs à la date de publication et peuvent changer. La Banque Royale du Canada et ses entités ne font pas la promotion, ni explicitement ni implicitement, des conseils, des avis, des renseignements, des produits ou des services de tiers.

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Sujets:

Agriculture ESG Perspectives secteur commercial