Portrait de l’entreprise canadienne qui a détourné des sites d’enfouissement 4 500 tonnes de déchets de salons de coiffure
Publié le 1 mars 2024 • 6 min de lecture
Les Salons Green Circle façonnent l’avenir de l’industrie de la coiffure.
Les choses se passent essentiellement de la même manière dans tous les salons de coiffure : assis sur une chaise pivotante, vos vêtements protégés par un tablier noir, vous expliquez le look recherché. Il ne vous reste plus ensuite qu’à vous inquiéter du résultat de la coloration ou de la coupe.
L’expérience vécue par Shane Price dans un salon de Toronto – sa première visite à un salon de coiffure – il y a 15 ans a commencé de la même manière. Tandis qu’il attendait sa coupe, Shane observait les activités autour de lui, finissant par se demander ce que l’on faisant des cheveux fraîchement coupés qui jonchaient le sol.
« J’étais estomaqué de les voir balayés et placés dans un sac poubelle », explique Shane, ajoutant que l’on jetait aussi les feuilles d’aluminium, les tubes de teinture, et même du papier et des magazines. La quantité de déchets produits par le salon était effarante.
Comment une telle chose était-elle possible dans une grande ville comme Toronto, réputée pour son leadership en matière de recyclage municipal ? En fait, le problème n’était pas limité à Toronto, c’était l’industrie de la coiffure au complet qui agissait de la sorte. Après des mois de recherches, de développement de concept et d’élaboration de stratégie de financement, les Salons Green Circle ont vu le jour.
C’était en 2009. Aujourd’hui certifiée B Corp, l’entreprise aide les salons de coiffure, les établissements thermaux et les boutiques de coiffeur à repenser à leur gestion des déchets. L’entreprise compte maintenant plus de 3 600 salons membres inscrits au programme, de même que 70 écoles d’esthétique, 19 fabricants et 37 distributeurs.
« L’ensemble de ce réseau a pour objectif de détourner des sites d’enfouissement la plupart de ses déchets, sinon tous. C’est un modèle tout simple, où tous les intervenants sont gagnants », poursuit-il.
Les salons du Canada et des États-Unis génèrent 400 kilos – environ le poids d’un cheval – de déchets chaque minute, soit 227 tonnes de déchets chaque jour. On voit donc tout de suite l’importance de la mission des Salons Green Circle.
Les salons membres recueillent tous leurs déchets – cheveux, feuilles d’aluminium, tubes de teinture, restes de coloration, équipement de protection, papier, plastique. Les déchets sont ensuite acheminés vers un centre qui les trie, les regroupe et les expédie à une entreprise de recyclage.
Chaque type de déchet possède son propre protocole de recyclage. Les cheveux sont compostés, transformés en biocomposites pour fabriquer de nouveaux articles (comme des bacs de recyclage), ou utilisés dans le cadre d’efforts humanitaires. Lors du déversement de pétrole dans le golfe du Mexique en 2010, par exemple, l’entreprise a envoyé plus de 450 kilos de cheveux pour contribuer au nettoyage. Les restes de coloration peuvent être recyclés en carburants, tandis que les feuilles d’aluminium souillées sont fondues pour créer des tôles d’aluminium qui entrent dans la fabrication de produits comme des voitures et des vélos.
Et ce n’est pas tout. L’entreprise était également déterminée à réduire les émissions de carbone générées par ses activités. En 2021, elle s’est fondée sur le Protocole des émissions de gaz à effet de serre pour établir son empreinte écologique, utilisant ensuite le résultat comme base de référence. Plusieurs mesures ont été prises depuis. Par exemple, l’entreprise compense la consommation énergétique annuelle de toutes ses installations aux États-Unis, participe au programme d’expédition neutre en carbone d’UPS pour faire livrer les déchets à ses installations, et investit dans des sources d’énergies renouvelables pour ses établissements au Canada.
L’entreprise détient aussi la certification Zero Waste to Landfill du Carbon Trust, un organisme indépendant du Royaume-Uni qui aide les entreprises, les institutions financières et les gouvernements à évoluer vers un avenir carboneutre au moyen d’initiatives comme la vérification des chaînes de conservation.
« Le Carbon Trust a étudié notre modèle d’affaires pour comprendre qui nous sommes, qui sont nos fournisseurs, et qui sont les fournisseurs de nos fournisseurs. À ma connaissance, nous sommes la seule entreprise d’Amérique du Nord à être certifiée Zero Waste to Landfill. Depuis 2009, nous offrons à l’industrie la solution de durabilité la plus authentique. Et nous avons fait la preuve que les salons peuvent recycler presque 100 % de leurs déchets. »
Une nouvelle approche en matière de déchets des salons de beauté
Shane explique qu’au moment de son intervention, ce type de recyclage ne se faisait pas : tout était jeté aux ordures. Et le client moyen de ces établissements ne s’en préoccupait pas. Plus consciente des conséquences de ses habitudes de consommation sur la planète, la clientèle d’aujourd’hui fait des choix cohérents avec ses valeurs.
« Certains de nos salons membres nous disent qu’ils auraient dû joindre le programme il y a 10 ans : il génère des revenus, il est apprécié des clients, et il est bon pour la planète. »
Mais alors, pourquoi l’entreprise ne compte-t-elle pas 36 000 membres plutôt que 3 600 ? Selon Shane, le manque de temps et la crainte de l’inconnu expliquent cette réticence. En effet, convaincre tous les salons d’Ucluelet à Yarmouth de se joindre au programme exigerait d’importants efforts. De plus, de nombreux salons craignent d’avoir à passer à leurs clients les coûts additionnels engendrés par la mise en œuvre d’un programme moderne de recyclage. En réalité, c’est tout le contraire. Les clients qui savent que leur salon se soucie de l’environnement lui sont encore plus fidèles.
L’avenir d’un réseau d’artisans de la beauté durable comme celui-ci est radieux. L’entreprise vient de franchir la barre des 4 500 tonnes de déchets détournés des sites d’enfouissement. Ce sont des étalons comme celui-ci qui confirment que les efforts en valent le coup.
« Nous sommes des citoyens du monde, et en tant que tels, nous avons la possibilité d’être proactifs et de façonner le monde que nous souhaitons pour nous-mêmes, nos enfants et nos petits-enfants. Plus nous sommes exigeants envers les marques, plus elles en feront pour la planète. C’est simple, mais nous devons le faire. »
Le présent article vise à offrir des renseignements généraux seulement et n’a pas pour objet de fournir des conseils juridiques ou financiers, ni d’autres conseils professionnels. Veuillez consulter un conseiller professionnel en ce qui concerne votre situation particulière. Les renseignements présentés sont réputés être factuels et à jour, mais nous ne garantissons pas leur exactitude et ils ne doivent pas être considérés comme une analyse exhaustive des sujets abordés. Les opinions exprimées reflètent le jugement des auteurs à la date de publication et peuvent changer. La Banque Royale du Canada et ses entités ne font pas la promotion, ni explicitement ni implicitement, des conseils, des avis, des renseignements, des produits ou des services de tiers.
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