Dr. Marjorie Dixon parle des raisons pour lesquelles elle a fondé Anova Fertility & Reproductive Health #maréalisation
Publié le 4 mars, 2019 • 9 min de lecture
Vous êtes-vous déjà demandé comment les entrepreneurs réussissent à transformer leurs rêves en réalité ? Ce qui les motive à repousser les limites, à susciter le changement et à faire progresser leur secteur ? Nous avons eu l’occasion de le demander à des propriétaires de petite entreprise du Canada.
Marjorie Dixon, lauréate du prix Dynamisme RBC 2018, est une instigatrice de changement hors pair. Chef de la direction et directrice médicale du centre Anova Fertility & Reproductive Health, Mme Dixon est née pour exceller, apporter une contribution et ébranler le statu quo.
Elle a récemment raconté son parcours de médecin optimiste devenue propriétaire d’entreprise et pionnière transformant le paysage de la santé des femmes au Canada.
Q. : Parlez-nous d’Anova Fertility & Reproductive Health et de ce qui vous a incitée à le démarrer.
Marjorie Dixon : Anova Fertility est un centre de santé génésique appartenant à des femmes et géré par des femmes. J’ai eu le privilège d’étudier à différents endroits, et quand je suis revenue au Canada après avoir obtenu un titre universitaire aux États-Unis, j’ai eu l’impression de remonter dans le temps.
J’ai constaté qu’en raison de notre système de soins de santé universel, de nombreux médecins canadiens se contentent de la situation actuelle. Quand j’ai demandé pourquoi nous faisions les choses d’une certaine manière, on m’a répondu que le changement était pratiquement impossible. Pour une scientifique à la personnalité de type A et à l’esprit analytique, il n’y a rien de pire que de se faire dire : « C’est comme ça. Inutile d’essayer de changer les choses, car ce n’est pas possible. » Ne me dites pas que quelque chose est impossible.
Je suis une personne autonome qui aime démarrer des projets. J’ai été élevée de cette façon, et c’est ce que je veux être. Je veux être la meilleure. J’ai toujours eu l’intention de me dépasser ; je ne veux pas me reposer sur mes lauriers.
Q. : Quel est l’objectif d’Anova Fertility ?
Marjorie Dixon : Notre objectif est d’améliorer l’expérience de la reproduction, peu importe la situation familiale et l’identité sexuelle. Nous voulons rendre la famille accessible à tous, car nous avons les capacités et la formation pour le faire. C’est dans notre énoncé de mission : offrir des soins individualisés aux patients de tous âges et de toutes situations.
Q. : Comment mettez-vous ces objectifs en pratique ?
Marjorie Dixon : Les progrès scientifiques sont emballants. Il est prouvé hors de tout doute que nous arrivons à créer plus efficacement des embryons dans un laboratoire de fécondation in vitro de prochaine génération, une salle blanche dans laquelle tout ce que l’on ajoute favorise la création de l’embryon. Chaque étape raccourcit le délai avant de pouvoir serrer son bébé dans ses bras.
Je reconnais que la procréation assistée est une expérience stressante et déstabilisante. J’ai moi-même vécu une fécondation in vitro et je me souviens de chaque traitement. Nous concevons donc les salles différemment. Nous organisons aussi des groupes de soutien, car il ne faut pas sous-estimer le pouvoir des interactions sociales entre des personnes qui vivent la même chose. Je crois que l’expérience des soins de fertilité est tout aussi importante que la science sur laquelle ils reposent.
Q. : Vous avez connu un succès exceptionnel, passant d’une clinique de huit employés à un centre de fécondation in vitro complet où travaillent plus de 80 personnes. Quelles sont les personnes qui vous ont appuyée dans votre parcours ?
Marjorie Dixon : Les personnes qui m’ont offert le plus grand soutien sont celles qui me connaissent depuis toujours, comme ma famille ou la personne qui dirigeait mon programme aux États-Unis. On a dit que j’étais une boule d’énergie. On m’a qualifiée d’idéaliste tenace. Les gens qui me connaissent savent que je suis motivée par la volonté d’agir à bon escient.
Je suis aussi inspirée par d’autres entrepreneures, qu’elles soient coiffeuses, avocates ou comptables. Je me suis entourée de professionnelles qui disent : « Tu es cinglée, mais c’est tant mieux ! »
Q. : Y a-t-il eu des moments où vous pensiez que vos projets ne fonctionneraient pas ? Qu’avez-vous fait pour vous sortir de cet état ?
Marjorie Dixon : À certains moments, les obstacles m’ont semblé insurmontables. Mais je savais qu’en travaillant sans relâche, j’arriverais à les surmonter. Il existe une solution à chaque problème.
Je crois que l’adversité est une immense source de possibilités et que chaque expérience négative a un côté positif. Je crois aussi que l’on ne peut pas profiter pleinement des joies de la réussite si l’on n’a pas connu de revers.
Q. : Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui démarre une entreprise ?
Marjorie Dixon : Assurez-vous de connaître tous les aspects de votre domaine et de bien comprendre ce que vous devez faire ; c’est essentiel au démarrage réussi d’une entreprise. Et s’il y a des aspects que vous ne comprenez pas, faites vos devoirs. Il est tellement plus valorisant et libérateur de faire ses propres recherches, d’en arriver à ses conclusions et de voir le résultat.
De plus, embauchez les bonnes personnes, lentement mais sûrement. Fixez des objectifs et assurez-vous qu’ils évoluent.
Q. : Qu’est-ce qui vous motive ?
Marjorie Dixon : J’ai le feu au ventre. Je ne peux pas en expliquer la source, mais il est toujours là. Quand j’étais petite, j’étais extrêmement têtue. Mon père disait : « Si vous voulez que quelque chose se fasse, interdisez à Marjorie de le faire. »
De plus, j’ai fréquenté l’école privée et je ne viens pas d’un milieu où les filles étaient en compétition les unes contre les autres. J’ai appris que nous avons la responsabilité d’élever les autres autour de nous.
C’est vraiment formidable d’avoir un emploi où l’on peut apporter une véritable contribution. Nous créons des familles qui n’existeraient pas autrement. Nous créons un héritage : qui sait ce que ces bébés feront quand ils seront grands ? Nous avons la capacité et le talent pour y arriver ; comment ne pas sentir que j’ai le devoir de faire avancer les choses ?
Q. : En tant que femme, avez-vous l’impression d’avoir dû affronter des difficultés particulières ou supplémentaires quand vous avez démarré votre entreprise ou de devoir encore en affronter aujourd’hui ?
Marjorie Dixon : Les femmes se trouvent devant d’immenses possibilités, car elles sont constamment sous-estimées. Si vous avez trois enfants, les gens disent : « Ce sera difficile pour toi. Comment y arrives-tu ? »
Quand je cherchais un local pour mes bureaux, je me souviens avoir visité un espace de 1 400 mètres carrés dans un immeuble de classe A, et l’on m’a demandé d’avoir un cosignataire pour le bail. On voulait des preuves supplémentaires de ma solvabilité. On me regardait d’un air dubitatif.
Q. : Comment surmontez-vous ces difficultés ?
Marjorie Dixon : Je dis tout simplement aux gens quoi faire au lieu de le leur demander. J’ai souvent étonné les gens ; quand j’ai commencé, ils n’en revenaient pas de mon audace. Mais j’ai tout simplement continué, et ils ont fini par s’adapter à ma façon de faire. J’étais comme un mauvais rhume qui ne guérit jamais.
Mon plus grand défi a été de faire valoir ma crédibilité.
Q. : Vous êtes à la fois mère et entrepreneure. Quel est votre point de vue sur la conciliation travail-vie ?
Je joue un rôle très actif dans la vie de mes enfants. Je suis comme toutes les autres mères, mais mon emploi me permet d’avoir de l’aide à la maison. Mes enfants me voient travailler fort ; ma fille adore venir au bureau. Ils étaient là au tout début, à balayer les planchers et à remplir les porte-crayons. Ils m’écoutent quand je remercie des gens, ils posent des questions, ils offrent même parfois des conseils.
Au bout du compte, il n’y a pas de solution parfaite pour la conciliation travail-vie. Nous, les femmes, ne manquons pas d’intelligence ni d’aptitudes. Mais nous devons interrompre notre travail pour avoir des enfants. Selon moi, c’est merveilleux que le Canada offre des soins de maternité, mais la conversation doit être plus équilibrée, surtout pour les femmes qui ont étudié longtemps. Comment progresser ?
C’est très bien d’appuyer les congés de maternité, mais il devrait aussi y avoir des programmes de réintégration conçus pour motiver les femmes et leur enseigner à promouvoir leur avancement.
Q. : Quels sont vos prochains projets et ceux d’Anova Fertility ?
Marjorie Dixon : Nous avons connu du succès, enregistré une bonne croissance et amélioré l’accès aux soins. Mais il reste beaucoup de chemin à parcourir.
Je ne pense pas qu’il y ait vraiment une fin. Je crois que nous devons trouver des porte-parole qui créeront un mouvement vers l’amélioration de l’accès aux soins de santé pour les femmes et l’atteinte d’une norme mondiale. Cela comprend les soins spécialisés pour la ménopause, l’après-ménopause, l’adolescence. Il nous faut des centres de pointe spécialisés dans la santé des femmes à toutes les étapes de la vie.
Nous y arriverons. Et j’espère qu’au bout du compte, le travail d’Anova Fertility stimulera le changement en médecine. Les femmes transforment la façon dont les recherches sont menées et dont les soins sont prodigués.
Je suis vraiment choyée de faire ce que je fais. Il est extrêmement gratifiant de participer à un mouvement qui contribuera au bien-être des gens pour les générations à venir. J’espère inciter d’autres jeunes femmes à mener le bal pour changer les choses.
En novembre 2018, les réalisations de 23 femmes ont été soulignées par les Prix canadiens de l’entrepreneuriat féminin RBC 2018. Ces femmes exceptionnelles et leurs entreprises pionnières dans une variété de secteurs ont un objectif en commun : se distinguer par leur excellence.
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