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Votre ferme bénéficierait-elle d’un conseil consultatif ?

Par Jane Robinson

Publié le 3 février 2025 • 7 min de lecture

Comme les agriculteurs sont des entrepreneurs indépendants, il est dans leur nature d’innover et de s’adapter à la variabilité quotidienne propre à l’agriculture. Dans le cadre de leur exploitation quotidienne, la plupart des fermes font appel à l’expertise de conseillers externes, notamment des banquiers, des comptables, des agronomes, des nutritionnistes et des vétérinaires. De plus, votre entreprise agricole pourrait parfois bénéficier de l’établissement d’un conseil consultatif officiel composé d’experts hors de votre réseau habituel.

Qu’est-ce qu’un conseil consultatif de ferme ?

« Le rôle d’un conseil consultatif est déterminé par la ferme, mais il peut par exemple s’agir de gérer une acquisition importante, une expansion, une transition agricole ou les ressources humaines », explique Terry Betker, consultant en gestion agricole et propriétaire de Backswath Management, établie à Winnipeg, au Manitoba. « L’entreprise pourrait également vouloir obtenir l’avis d’un expert sur ses décisions clés », poursuit-il.

M. Betker conseille les sociétés agricoles depuis plus de 30 ans, y compris en mettant en place des conseils consultatifs. Il a également siégé lui-même au conseil consultatif de plusieurs fermes.

Quelle aide un conseil consultatif peut-il apporter à votre entreprise ?

Pour Leighton Kolk, la décision de faire appel à des conseillers externes est née des réunions mensuelles que sa famille et lui tenaient déjà dans le cadre de la gestion générale de Kolk Farms Ltd, une entreprise diversifiée d’engraissement des bovins, de cultures irriguées, de nettoyage des semences et de vente de détail située à Springs, en Alberta.

« Après environ un an ou deux de réunions familiales périodiques, j’ai songé à obtenir un point de vue externe, car on ne se rend pas toujours compte qu’on a des œillères », explique M. Kolk, propriétaire, chef de la direction et président du conseil consultatif de l’entreprise.

Il souhaitait particulièrement obtenir de l’expertise en gestion financière. « J’ai dû reconnaître que mes capacités au chapitre des états financiers et de la planification fiscale n’étaient pas aussi solides que je l’aurais voulu, et que mes enfants me posaient des questions auxquelles je ne pouvais pas répondre. J’ai donc communiqué avec un comptable retraité que je connaissais, qui est devenu le premier membre « externe » de notre conseil consultatif. »

Au fil des années, le conseil consultatif de Kolk s’est élargi et compte aujourd’hui sept membres. On y retrouve quatre actionnaires de la famille Kolk – à savoir Leighton, sa femme Eleanor, leur fils Jordan et leur fille Megan –, le directeur de l’une des divisions de la ferme (également un nouvel actionnaire), et deux membres externes.

« Nous avons admis que nous avions besoin d’une certaine aide stratégique en ce qui concerne la planification des ressources humaines et avons recruté un autre membre rémunéré du conseil consultatif pour le volet RH de l’entreprise et, dans une certaine mesure, de la planification stratégique », poursuit M. Kolk.

Le conseil, qui accorde la priorité à l’entreprise sans en faire partie, est désormais un élément essentiel des discussions clés au sujet de l’exploitation agricole familiale et a évolué avec celle-ci. 

Déterminer où une expertise externe pourrait aider

Il n’est pas toujours évident de savoir quand votre entreprise agricole pourrait bénéficier d’un conseil consultatif. Sa nécessité pourrait apparaître lors d’une discussion avec votre équipe habituelle de conseillers agricoles, pour laquelle d’autres perspectives et idées seraient requises.

« Y a-t-il des problèmes qui reviennent toujours ? demande M. Kolk. Dans notre cas, c’était la littératie financière. Si vous pouvez déterminer dans quels domaines vous avez besoin d’aide, le conseil consultatif peut commencer par là. »

M. Betker considère que les conseils consultatifs ont une grande valeur à apporter aux fermes pour les aider avec un aspect de leurs activités, qu’il s’agisse de planification de la relève, de gestion financière sous toutes ses coutures, ou de ressources humaines. « Un conseil consultatif de ferme peut être très utile en ce qui concerne les investissements et le financement, dit-il. Nous discutons avec un nombre croissant de fermes quant à la manière de structurer leur programme de rémunération pour la main-d’œuvre, la direction et les propriétaires. »

Quel que soit l’enjeu, la mise en place d’un conseil consultatif ne comporte pas un grand nombre de règles. Pour M. Kolk, tout a débuté par un peu d’humilité et la réalisation qu’il n’avait pas toutes les connaissances nécessaires pour s’occuper des rapports financiers, mais qu’il pouvait avoir recours à l’aide d’un tiers.

Conseils pour lancer ou agrandir un conseil consultatif pour votre ferme

Bien qu’il n’existe pas de manière unique d’établir un conseil, M. Betker tire de son expérience quelques conseils pour les agriculteurs qui envisagent de se lancer dans cette voie.

Tout d’abord, un conseil consultatif productif doit être un organe officiel. Il recommande fortement aux fermes de créer une charte, c’est-à-dire un document écrit qui établit certains paramètres clairs pour le conseil, notamment les attentes, la rémunération et les conditions de service. Les conseils consultatifs, à l’inverse des conseils d’administration traditionnels, n’ont aucune responsabilité juridique ou fiduciaire à l’égard de l’exploitation agricole.

« En règle générale, je recommanderais de ne pas nommer votre comptable, votre avocat ou votre banquier à votre conseil consultatif », conseille M. Betker. Ceux-ci font partie du groupe de conseillers auquel l’entreprise fait couramment appel et pourraient être invités à une réunion si leur avis est requis sur un enjeu important. 

« Je crois également qu’il faut être prudent lorsqu’on souhaite inviter des membres de la famille qui n’ont pas encore de parts à se joindre au conseil consultatif », ajoute M. Betker.

La famille Kolk est également de cet avis. Leighton et Eleanor ont pris tôt la décision que leurs enfants devraient attendre d’atteindre 25 ans pour pouvoir devenir actionnaires de l’entreprise. Deux de leurs trois enfants ont choisi de participer à l’entreprise familiale, y compris en détenant des parts et en siégeant au conseil consultatif.

Pour ce qui est des détails, comme le nombre de membres et la fréquence des réunions, il existe certaines lignes directrices, quoique chaque conseil consultatif soit un peu différent. « Je crois qu’un conseil d’un membre est très sain et qu’un conseil de deux membres est encore mieux, mais le plus important, c’est que les membres externes du conseil apportent de la valeur, affirme M. Kolk.

M. Betker, quant à lui, a pour règle générale de faire appel à trois à cinq membres du conseil consultatif qui se rencontrent quatre fois par année.  « Il devrait y avoir au moins une personne qui ne provient pas du milieu agricole, et il ne faut pas être gêné d’inviter des gens à se joindre à votre conseil », dit-il. 

Comme le conseil consultatif de M. Kolk et de sa famille évolue, la valeur constante est le professionnalisme et l’approche objective de leurs conseillers. « Ils posent des questions directes sans aucun attachement émotionnel, et ils ne se soucient pas de la couleur du nouvel équipement », renchérit M. Kolk.

Le présent article vise à offrir des renseignements généraux seulement et n’a pas pour objet de fournir des conseils juridiques ou financiers, ni d’autres conseils professionnels. Veuillez consulter un conseiller professionnel en ce qui concerne votre situation particulière. Les renseignements présentés sont réputés être factuels et à jour, mais nous ne garantissons pas leur exactitude et ils ne doivent pas être considérés comme une analyse exhaustive des sujets abordés. Les opinions exprimées reflètent le jugement des auteurs à la date de publication et peuvent changer. La Banque Royale du Canada et ses entités ne font pas la promotion, ni explicitement ni implicitement, des conseils, des avis, des renseignements, des produits ou des services de tiers.

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Sujets:

Agriculture Perspectives secteur commercial