Une entreprise de la Colombie-Britannique à l’avant-garde de l’électrification des véhicules commerciaux canadiens
Publié le 5 juin 2024 • 8 min de lecture
Le corridor Toronto-Waterloo est un choix populaire pour toute entreprise de technologie qui souhaite s’implanter au Canada. On en dénombre plus de 15 000 dans cette région, ce qui en fait le plus grand pôle technologique en Amérique du Nord, en dehors de la Silicon Valley. Mais l’innovation peut émerger n’importe où – il suffit d’une idée.
Chace Barber est le chef de la direction d’Edison Motors, une jeune pousse qui évolue dans le domaine de l’électrification des véhicules commerciaux et qui a trouvé sa place en Colombie-Britannique. Merritt est une communauté de 7 000 habitants nichée dans la vallée de la Nicola, entre Vancouver et l’Okanagan. Il ne s’agit pas d’un carrefour d’innovation traditionnel, mais plutôt d’une ville forestière et minière. Après des études postsecondaires en économie et en commerce, M. Barber et son partenaire d’affaires, Eric Little, ont travaillé dans l’exploitation forestière. À cette époque, ils profitaient de leur temps libre pour concevoir des véhicules diesel-électriques dans un terrain vague derrière la maison des parents de M. Barber. Leur logique était simple : les véhicules commerciaux ne suivaient pas le rythme des véhicules de tourisme dans la transition vers l’électrification.
Depuis son emplacement improbable à l’intérieur des terres de la Colombie-Britannique, Edison Motors veut changer cela.
« À la base, Edison Motors, c’est un groupe de camionneurs qui ont construit leur propre camion diesel-électrique, parce qu’ils n’étaient pas satisfaits de ce qui leur était offert sur le marché, explique M. Barber. Nous en avions assez de l’obsolescence programmée dans l’industrie. Alors, nous avons décidé de prendre les choses en main. »
Tout entrepreneur dans l’âme s’identifie probablement à cette histoire : à tout problème, il y a une solution !
Dans le cas de M. Barber, le problème était de constater que les véhicules commerciaux, comme les grumiers, les bétonnières et d’autres véhicules moyens et lourds, ne suivaient pas le courant de l’électrification.
« Les acteurs de l’industrie à qui nous avons parlé étaient extrêmement sceptiques au début, déclare M. Barber. Ils comprennent toutefois le concept de la motorisation diesel-électrique. Ce n’est pas qu’ils sont contre l’électricité, mais ils craignent que l’autonomie des batteries des modèles entièrement électriques ne réponde pas à leurs besoins. »
L’électrification des véhicules moyens et lourds est une étape importante pour permettre au Canada d’atteindre ses objectifs en matière de carboneutralité et de décarbonation du secteur des transports d’ici 2050. À l’heure actuelle, 22 % des émissions totales de gaz à effet de serre du pays proviennent de ce secteur, dont 80 % sont attribuables aux véhicules routiers.
« Les véhicules commerciaux ont tendance à rester en service pendant longtemps et à accumuler beaucoup de voitures-kilomètres », a indiqué Transports Canada dans un courriel envoyé à RBC. « C’est pourquoi il est important d’envisager à la fois l’introduction de nouveaux véhicules carboneutres et des options pour réduire les émissions générées par le parc de véhicules déjà en circulation. »
La façon dont Edison Motors transforme les véhicules commerciaux diesel existants est, en théorie, assez simple.
« Ce sont des camions entièrement électriques qui disposent de leur propre chargeur rapide de niveau 3, précise M. Barber. Le générateur intervient donc seulement lorsque la batterie est faible. Il se déclenche alors et recharge le camion pour qu’il puisse continuer à fonctionner. Il n’y a pas de connexion physique à l’arbre d’entraînement – c’est complètement électrique. »
L’entreprise achète ses batteries auprès de CATL, qui est l’un des principaux fabricants mondiaux de batteries de véhicules électriques et un fournisseur d’autres grandes sociétés telles que Tesla et Ford. Edison Motors a prévu la conversion de huit camions commerciaux pour différents clients au cours des deux prochaines années, mais la demande est encore plus grande. L’équipe a limité la première série de conversions afin de s’assurer de pouvoir respecter les dates butoirs.
L’intérêt que suscite Edison Motors est impressionnant. M. Barber attribue une grande partie du succès initial de l’entreprise à la plateforme de médias sociaux TikTok. Au départ, l’entrepreneur partageait ses réflexions quotidiennes en tant que conducteur de grumier, mais de fil en aiguille, son compte lui a permis de faire connaître les véhicules diesel-électriques d’Edison Motors. Au moment d’écrire ces lignes, M. Barber avait 833 000 abonnés sur TikTok.
« Nous avons essentiellement mis en œuvre un projet participatif, de l’idéation à la fabrication en tant que telle », fait remarquer M. Barber, en ajoutant que les gens n’ont pas hésité à pousser à la roue. « Nous étions très ouverts et transparents à tous les égards, qu’il s’agisse de la conception, de l’exécution ou des difficultés rencontrées. Lorsque nous avions un problème, les gens nous envoyaient des vidéos et des courriels nous proposant leur aide. »
Les personnes qui ont apporté des contributions significatives en cours de route ont reçu une petite participation dans l’entreprise.
« Nous avons eu cette idée de remettre des actions en échange de l’aide fournie, de sorte que nous mettions nos efforts en commun et que nous bâtissions ce gros projet ensemble », a-t-il souligné.
M. Barber estime qu’entre 130 et 140 personnes ont travaillé sur le projet jusqu’à présent.
Transports Canada veut des véhicules commerciaux entièrement électriques
Sur la voie de l’électrification, Edison Motors fait un premier pas dans la bonne direction.
« Les transmissions diesel-électriques ont le potentiel d’accroître considérablement l’économie de carburant et de réduire les émissions comparativement aux camions diesel à combustion interne classiques, affirme Transports Canada. Si cette technologie représente une amélioration à bien des égards et est susceptible, en fait, de constituer une solution nécessaire pour satisfaire plusieurs exigences particulièrement élevées dans le domaine du camionnage, la réalisation des objectifs de carboneutralité passera par l’adoption de véhicules zéro émission. »
Outre la technologie des moteurs diesel-électriques, M. Barber et ses collègues alimentent le débat plus large entre les conducteurs et les propriétaires de véhicules moyens et lourds au sujet de l’alimentation par batterie. Les véhicules moyens et lourds transportent souvent des milliers de kilos de marchandises et effectuent quotidiennement de longs trajets ponctués de brefs ravitaillements. Les véhicules entièrement électriques capables de faire ce genre de travail n’ont pas encore fait leurs preuves à grande échelle.
« L’augmentation de l’autonomie des batteries pour répondre aux exigences relatives aux véhicules moyens et lourds s’accompagne d’une hausse prohibitive de leur coût et de leur poids, ajoute Transports Canada.
Le gouvernement fédéral s’emploie activement à encourager les mises à niveau visant à réduire les émissions dans le secteur. Aujourd’hui, il existe 87 modèles de 37 marques différentes couvrant 8 catégories de véhicules admissibles dans le cadre du Programme d’incitatifs pour les véhicules moyens et lourds zéro émission.
Par ailleurs, le Plan de réduction des émissions pour 2030 insiste sur l’importance de l’adoption de véhicules carboneutres et de la décarbonation du parc de véhicules commerciaux existant, tandis que le Plan d’action du Canada pour un transport routier propre prévoit un cadre de réduction des émissions des véhicules routiers (y compris les véhicules moyens et lourds) afin de contribuer à l’atteinte de la cible nationale de carboneutralité d’ici 2050.
L’électrification de ces types de véhicules constitue une étape cruciale vers la décarbonation du transport routier. Maintenant le cap sur cette ambition, Edison Motors prend de l’expansion pour répondre à la demande. Ce printemps, elle déménage son siège social sur le site d’un ancien fabricant de camions lourds. L’installation est située à Terrace, en Colombie-Britannique, à 1 100 kilomètres au nord-ouest de Merritt.
L’entreprise de technologie aux racines rurales a du pain sur la planche, mais M. Barber n’a pas peur.
« Nous ne réinventons pas la roue, dit-il. Nous apportons des améliorations sensées en exploitant une technologie que d’autres équipementiers utilisent déjà. » Et ça, c’est tout simplement logique, peu importe où l’on se trouve.
Le présent article vise à offrir des renseignements généraux seulement et n’a pas pour objet de fournir des conseils juridiques ou financiers, ni d’autres conseils professionnels. Veuillez consulter un conseiller professionnel en ce qui concerne votre situation particulière. Les renseignements présentés sont réputés être factuels et à jour, mais nous ne garantissons pas leur exactitude et ils ne doivent pas être considérés comme une analyse exhaustive des sujets abordés. Les opinions exprimées reflètent le jugement des auteurs à la date de publication et peuvent changer. La Banque Royale du Canada et ses entités ne font pas la promotion, ni explicitement ni implicitement, des conseils, des avis, des renseignements, des produits ou des services de tiers.
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