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Les conséquences possibles d’un dollar canadien faible pour les entreprises et les investisseurs

Par Jared Lindzon

Publié le 5 mars 2025 • 8 min de lecture

TLPL

  • Le dollar canadien est tombé à son plus bas niveau depuis 22 ans le 31 janvier 2025, date à laquelle les États-Unis devaient imposer des tarifs douaniers de 25 %.

  • Cette chute du huard apparemment soudaine ne dépendait pas seulement de l’issue des difficiles négociations commerciales entre le Canada et les États-Unis. Elle découlait aussi d’autres facteurs comme les dettes à la consommation et les taux d’intérêt.

  • Même si les problèmes liés aux tarifs douaniers étaient réglés, la reprise pourrait être lente en raison des baisses des taux d’intérêt que la Banque du Canada devrait annoncer.

  • Les entreprises, les investisseurs et les consommateurs devront désormais s’habituer à un dollar canadien plus faible, au moins durant les prochains mois.

Le dollar canadien a connu une chute rapide depuis les premières menaces de tarifs douaniers du président Donald Trump en janvier. Quelle que soit la politique commerciale adoptée, le huard devrait rester à la traîne par rapport au billet vert, ce qui aura d’importantes répercussions pour les entreprises, les consommateurs et les investisseurs au Canada.

Au cours des derniers mois, le huard a fortement baissé à la suite de l’élection de Donald Trump et de sa menace d’imposer des tarifs douaniers de 25 % sur les importations canadiennes, de l’annonce en décembre d’un ralentissement du cycle de réduction des taux par la Réserve fédérale, et de l’approche de la date butoir initiale du 30 janvier pour l’application des tarifs douaniers.

En octobre 2024, le dollar canadien se négociait à 0,74 $ US, puis il est tombé à 0,72 $ US après les élections américaines. À la suite des décisions de la Réserve fédérale en décembre, il a chuté en dessous de 0,70 $ US pour la première fois depuis l’apparition de la pandémie de COVID-19, au début de 2020. Le 31 janvier, date à laquelle les tarifs douaniers de 25 % auraient dû entrer en vigueur avant un report de dernière minute, le dollar canadien est tombé à 0,68 $ US, son plus bas niveau depuis 22 ans.

Contexte

« Cette chute apparemment soudaine ne dépendait pas seulement de l’issue de négociations commerciales tendues. Même en cas de conclusion favorable, le huard ne remontera pas aussi vite, indique George Davis, premier directeur général, Titres à revenu fixe, devises et marchandises à RBC Marchés des Capitaux.

Au cours des deux dernières années, nous avons constaté que l’économie américaine a crû généralement plus vite que l’économie canadienne. La consommation a été le principal moteur de cette croissance, le consommateur américain ayant fait preuve d’une plus grande résilience dans un contexte de hausse des taux d’intérêt. »

M. Davis explique également que les consommateurs canadiens sont plus lourdement endettés, ce qui pèse sur les dépenses intérieures. Au troisième trimestre de l’année dernière, les Canadiens affichaient en moyenne un ratio d’endettement de 1,75 $ pour chaque dollar gagné. Au sud de la frontière, les revenus ont progressé plus rapidement que les emprunts au troisième trimestre, ce qui a conduit à un ratio d’endettement de 0,82 $ pour chaque dollar gagné. « Le coût de la dette est devenu tel que les consommateurs [canadiens] ont tout simplement arrêté de dépenser », explique M. Davis.

Un autre important facteur qui oppose les deux économies est l’incidence des récentes hausses de taux d’intérêt. En effet, tandis que les Américains remboursent généralement leur hypothèque sur la base d’un taux fixe pendant toute la durée de leur prêt, les Canadiens renouvellent la leur au bout de quelques années, ce qui les rend plus vulnérables à un relèvement des taux d’intérêt.

« L’incidence demeurait limitée jusqu’à il y a quelques années puisque les taux d’intérêt avaient tendance à diminuer, indique M. Davis. Puis, d’un coup en 2022, les taux ont entamé une brusque remontée. »

Ces hausses de taux ont eu une incidence directe sur les finances des ménages canadiens lors du renouvellement de leur prêt hypothécaire, tandis que le coût du service de la dette liée aux emprunts préexistants est demeuré inchangé pour l’Américain moyen.

« La divergence entre les deux économies a été soulignée bien avant les élections américaines et la victoire de Donald Trump. La menace des tarifs douaniers annoncée juste après les élections a été le coup de grâce, qui a simplement porté le risque à un niveau bien plus élevé, ajoute M. Davis. C’est pourquoi le huard a connu une chute si brutale en un laps de temps très court. »

Prévisions pour le dollar canadien

Bien que la chute ait été rapide, la remontée du dollar canadien pourrait être beaucoup plus lente, et ce, même après que la question des tarifs douaniers soit résolue. En effet, selon les prévisions des Services économiques RBC, la Banque du Canada devrait continuer à réduire ses taux d’intérêt et décréter trois nouvelles baisses cette année. En revanche, la Réserve fédérale américaine n’en prévoit aucune, ce qui devrait creuser davantage l’écart entre les deux économies.

« Nous nous attendons à ce que le dollar canadien demeure faible jusqu’au milieu de l’année en raison du différentiel de taux d’intérêt qui continuera de se creuser, indique M. Davis. Nous pensons que cette situation aura une incidence négative sur le huard, mais que les choses devraient s’améliorer un peu au deuxième semestre. »

M. Davis précise que ces hypothèses sont fondées sur un scénario dans lequel le président américain adopte des tarifs douaniers modérés et ciblant seulement certains produits, comme l’acier, l’aluminium et le bois d’œuvre. Si les négociations devaient s’enliser ou si des tarifs douaniers devaient être imposés à grande échelle, le dollar canadien pourrait encore chuter davantage.

Conséquence d’un dollar canadien faible pour les entreprises et les consommateurs

Pour le moment, M. Davis affirme que les entreprises et les investisseurs canadiens devront s’habituer à un dollar canadien plus faible, au moins durant les prochains mois.

Une telle situation pourrait avantager les exportateurs, qui seront en mesure de vendre moins cher et d’engranger davantage de bénéfices sur les marchés étrangers, en supposant qu’ils ne subissent pas de nouveaux tarifs douaniers. À l’inverse, les importateurs et les Canadiens qui prévoient voyager ou faire des achats aux États-Unis devraient se préparer à dépenser plus, voire à ajuster leurs projets en conséquence.

« Cette incertitude généralisée fait planer une ombre sur l’économie, ajoute M. Davis. Les entreprises pourraient se montrer plus prudentes, notamment en ce qui a trait aux dépenses et aux investissements, et les consommateurs plus frileux. »

Répercussions pour les investisseurs

Les investisseurs doivent aussi se préparer à faire face à des niveaux d’incertitude et de volatilité plus élevés au cours des mois à venir, voire pendant toute la durée du mandat de Donald Trump, ce dernier étant enclin à se servir de la menace des tarifs douaniers comme arme politique.

« Le risque de change était plutôt perçu par les clients comme un risque peu important, mais il est désormais un sujet brûlant et se retrouve au premier plan de leurs préoccupations, indique M. Davis. Cette situation met vraiment en évidence le fait qu’il est toujours utile d’avoir une stratégie de couverture en place pour se protéger contre de telles fluctuations défavorables. »

Restez à l’affût des derniers conseils et analyses

Les Canadiens peuvent consulter la page Leadership avisé RBC pour rester informés des dernières tendances, communiquer avec leur conseiller en services bancaires et discuter avec lui des risques auxquels ils sont exposés, ou échanger avec l’équipe Titres mondiaux à revenu fixe et devises RBC pour en savoir plus sur l’évolution du huard et ses conséquences.

« Par exemple, notre groupe Services-conseils de couverture peut vous aider à évaluer votre tolérance au risque, puis à élaborer des stratégies d’atténuation, indique M. Davis. Un tel contexte incite vraiment à engager ce type de discussion, afin d’être un peu plus proactif que réactif. »

Le présent article vise à offrir des renseignements généraux seulement et n’a pas pour objet de fournir des conseils juridiques ou financiers, ni d’autres conseils professionnels. Veuillez consulter un conseiller professionnel en ce qui concerne votre situation particulière. Les renseignements présentés sont réputés être factuels et à jour, mais nous ne garantissons pas leur exactitude et ils ne doivent pas être considérés comme une analyse exhaustive des sujets abordés. Les opinions exprimées reflètent le jugement des auteurs à la date de publication et peuvent changer. La Banque Royale du Canada et ses entités ne font pas la promotion, ni explicitement ni implicitement, des conseils, des avis, des renseignements, des produits ou des services de tiers.

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