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L’adaptation aux changements climatiques pour réduire le risque de votre entreprise

Par Lisa Felepchuk

Publié le 4 février 2025 • 9 min de lecture

Le réchauffement de la planète et les changements climatiques entraînent des phénomènes météorologiques extrêmes (inondations, dômes de chaleur, feux de forêt) susceptibles de causer des problèmes aux entreprises (interruptions opérationnelles, dommages matériels et fermetures prolongées). Le Dr Blair Feltmate, directeur du Centre Intact d’adaptation au climat de l’Université de Waterloo, nous explique donc à quel point il est important qu’une entreprise intègre la préparation dans ses activités.

L’impact financier des phénomènes météorologiques extrêmes au Canada

Les phénomènes météorologiques extrêmes peuvent non seulement causer de sérieux dommages à l’environnement et mettre la population en danger, mais également avoir des répercussions économiques, y compris sur les entreprises confrontées à des inondations, à des feux de forêt ou à une chaleur extrême.

Pour ce qui est des sinistres assurés découlant de phénomènes météorologiques extrêmes, l’été 2024 a été le plus destructeur de l’histoire du Canada, avec des dommages s’élevant à 7,1 milliards de dollars selon le Bureau d’assurance du Canada.

Ce qui s’appelait autrefois « été » pourrait bien être surnommé « saison des incendies » par certains habitants de la Colombie-Britannique et de l’Alberta. Les feux de forêt survenus au Canada en 2024 sont les deuxièmes incendies les plus destructeurs des vingt dernières années, avec plus de 5,3 millions d’hectares brûlés. Bien qu’ils ne surpassent pas les feux de forêt de 2023, qui ont ravagé 15 millions d’hectares, ils semblent tout de même indiquer le début d’un nouveau type d’été canadien.

D’autres régions du Canada subissent des précipitations record. En effet, des provinces centrales comme l’Ontario et le Québec ont connu d’importantes inondations en 2024, notamment le système météorologique qui a traversé Toronto le 16 juillet 2024 et provoqué des crues subites causant plus de 940 millions de dollars de dommages assurés. En août, le Québec a également subi les restes de l’ouragan Debby, qui a causé près de 2,5 milliards de dollars de dommages assurés et qui est ainsi devenu la tempête la plus destructrice (et coûteuse) de l’histoire de la province. Les inondations d’une telle ampleur n’avaient lieu qu’une fois tous les cent ans, mais d’après des scientifiques de la Western University et du Conseil national de recherches Canada, elles pourraient se produire tous les quinze ans d’ici la fin du 21e siècle.

Les effets du réchauffement de la planète et des changements climatiques sont de plus en plus difficiles à ignorer, en particulier pour les propriétaires d’entreprise.

L’importance pour les entreprises de se préparer aux phénomènes météorologiques extrêmes

Le Canada, qui se réchauffe deux fois plus rapidement que la moyenne mondiale, en subit le contrecoup d’un océan à l’autre. Les perturbations climatiques étant de plus en plus fréquentes, les entreprises doivent établir des priorités et se protéger contre les dommages matériels, les interruptions opérationnelles et les fermetures prolongées qui peuvent en résulter.

Bien que les frais de préparation d’une entreprise puissent s’additionner très rapidement, le retour sur investissement peut en valoir la peine. En effet, chaque dollar investi dans l’adaptation et la préparation aux changements climatiques génère entre 3 et 8 dollars de pertes évitées par décennie, selon le Centre Intact d’adaptation au climat.

« Les changements climatiques sont là pour durer, et nous ne pouvons que les ralentir, c’est pourquoi nous devons nous adapter non seulement aux risques extrêmes actuels, mais aussi à ceux qui se profilent à l’horizon, explique le Dr Blair Feltmate, directeur du Centre Intact d’adaptation au climat de l’Université de Waterloo.

Dans le pire des cas, nous gardons notre rythme actuel, ce qui, en matière de préparation, suppose des mesures très superficielles alors que le niveau de stress engendré par les changements climatiques continue quant à lui de grimper. »

Qu’est-ce que l’adaptation aux changements climatiques ?

Les stratégies proactives consistant par exemple à moderniser les infrastructures physiques ou à élaborer des plans de gestion du risque solides peuvent aider les propriétaires d’entreprise à protéger leurs actifs et à poursuivre leurs activités dans un climat d’incertitude. En plus de fournir une protection immédiate, cette démarche est un gage de leadership et de responsabilité à l’égard des défis climatiques. Les entreprises qui s’adaptent dès maintenant peuvent donc se retrouver avantagées dans un contexte économique et environnemental en rapide évolution.

L’adaptation aux changements climatiques consiste pour une entreprise à ajuster ses pratiques, ses systèmes et ses infrastructures en fonction des effets climatiques actuels et futurs. Face à des phénomènes météorologiques extrêmes de plus en plus fréquents et à un changement de l’écosystème, il est capital que les propriétaires d’entreprise canadiens adoptent ce genre de mesures proactives.

« Les choses empirent de plus en plus vite, affirme le Dr Feltmate. Il nous faut abandonner nos systèmes actuels de gestion des catastrophes, garder une longueur d’avance sur les changements climatiques et anticiper les phénomènes météorologiques extrêmes pour mieux les résoudre. »

Comment les entreprises peuvent-elles atténuer les risques climatiques ?

Constatant que nous sommes de moins en moins préparés aux événements climatiques destructeurs, le Dr Feltmate affirme que nous devons inverser la courbe de notre vulnérabilité. Lui et son équipe se concentrent sur trois dangers liés aux risques climatiques : les inondations, les feux de forêt et la chaleur extrême. Leur travail consiste à collaborer avec des entreprises, des propriétaires, des collectivités ainsi qu’avec le gouvernement pour élaborer des directives et mobiliser les efforts afin d’atténuer les risques.

« Les inondations et les feux de forêt sont les deux phénomènes les plus coûteux financièrement, tandis que la chaleur extrême peut entraîner la mort d’un grand nombre de personnes », explique le Dr Feltmate, qui rappelle que la vague de chaleur qui s’est abattue sur la Colombie-Britannique en 2021 a causé la mort prématurée de 619 personnes.

Mises à niveau des infrastructures

Les mises à niveau des infrastructures physiques telles que la réhabilitation des bâtiments commerciaux sont l’une des premières étapes que doivent suivre les entreprises afin d’atténuer les risques climatiques. Une évaluation de la vulnérabilité permet d’identifier quels équipements et actifs sont les plus exposés aux menaces climatiques telles que les inondations et les feux de forêt. Les grandes entreprises peuvent quant à elles recourir à des outils comme les systèmes d’information géographique (SIG) et la modélisation climatique pour cerner les aspects préoccupants et prioriser les mises à niveau nécessaires.

Les petites et moyennes entreprises peuvent privilégier des améliorations plus abordables, en optant par exemple pour des matériaux de construction plus durables (fenêtres résistantes au vent, revêtement extérieur et toit à l’épreuve du feu) qui contribueront à limiter les dommages.

Gestion des eaux pluviales

L’amélioration des systèmes de gestion des eaux pluviales peut également être un facteur d’adaptation aux changements climatiques. Il s’agit de simples tâches saisonnières à effectuer chaque année, comme celles consistant à débarrasser les gouttières et descentes pluviales des débris et à tester les pompes de puisard et les systèmes d’alimentation de secours. Pour éviter toute interruption d’activité lors d’une panne de courant, les gérants d’immeubles peuvent aussi prendre des mesures comme l’installation d’un système de surveillance en temps réel et d’une alarme d’inondation signalant toute arrivée d’eau fortuite, mais aussi de sources d’énergie renouvelable telles que les panneaux solaires munis de batteries externes.

Planification de la gestion du risque

La mise en place de plans de gestion du risque solides permet aux entreprises d’anticiper et de faire face aux perturbations climatiques. Les plans de secours sur mesure en cas de graves perturbations permettent de bien définir les responsabilités et les délais d’intervention, tandis que les directives aux employés concernant les protocoles en cas d’urgence (mises à jour chaque année ou suite à d’importants incidents pour refléter les nouvelles données) contribuent à une meilleure préparation.

L’adaptation aux changements climatiques dans le cadre de la gestion du risque

« Le Canada a fait du très bon travail en identifiant les différents risques météorologiques extrêmes auxquels il est exposé et les régions les plus vulnérables, et en élaborant des normes et directives visant à réduire les risques liés aux inondations, aux feux de forêt et à la chaleur extrême à l’échelle de la collectivité, affirme le Dr Feltmate.

Le Canada peut se mesurer à d’autres chefs de file mondiaux en matière de préparation. Cela dit, il nous reste beaucoup à faire, comme pour le reste du monde. »

En tant que stratégie globale, l’adaptation aux changements climatiques se résume à la simple notion d’adaptation. Et à mesure que le pays évolue, les entreprises doivent également remettre en question leurs stratégies et leur gestion du risque.

Le présent article vise à offrir des renseignements généraux seulement et n’a pas pour objet de fournir des conseils juridiques ou financiers, ni d’autres conseils professionnels. Veuillez consulter un conseiller professionnel en ce qui concerne votre situation particulière. Les renseignements présentés sont réputés être factuels et à jour, mais nous ne garantissons pas leur exactitude et ils ne doivent pas être considérés comme une analyse exhaustive des sujets abordés. Les opinions exprimées reflètent le jugement des auteurs à la date de publication et peuvent changer. La Banque Royale du Canada et ses entités ne font pas la promotion, ni explicitement ni implicitement, des conseils, des avis, des renseignements, des produits ou des services de tiers.

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