La technologie au service de la responsabilité sociale et environnementale
Publié le 13 juin 2024 • 7 min de lecture
L’innovation est une voie à suivre pour les entreprises qui souhaitent faire progresser leurs programmes de responsabilité sociale et environnementale.
Une étude récente de PWC fait ressortir une dure réalité : le Canada est à la traîne par rapport à ses rivaux dans le monde. L’étude de 2022 révèle que seuls 12 % des chefs de direction canadiens se sont engagés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre pour atteindre la carboneutralité, soit 10 points de moins que pour les répondants du monde entier. Qui plus est, les chiffres de Statistique Canada montrent qu’un tiers seulement des entreprises canadiennes avaient adopté des pratiques de gestion environnementale en 2019.
Pour explorer les possibilités dont disposent les entreprises canadiennes et mettre en lumière les difficultés liées à la mise en œuvre d’initiatives de responsabilité sociale et environnementale (RSE), nous nous sommes entretenus avec la professeure Ghaddar, professeure agrégée en sciences de la gestion à l’Ivey Business School de l’université Western Ontario.
« La RSE est un élément distinctif sur le plan de la concurrence dans l’univers en mutation d’aujourd’hui, déclare-t-elle. Les pratiques durables peuvent stimuler l’innovation, attirer des investisseurs et des employés partageant le même état d’esprit et favoriser un renforcement des liens avec la collectivité. »
Elle avance que l’innovation est une voie à suivre pour les entreprises qui souhaitent faire progresser leurs programmes de RSE. « Différentes entreprises au Canada, des petites sociétés en démarrage aux grandes entreprises, mettent déjà la technologie à profit pour assurer un développement durable. »
À l’avant-garde de la RSE
La professeure Ghaddar cite l’exemple de Ribbit, une société qui a récemment annoncé son intention d’utiliser des avions autonomes, en tirant parti de l’aviation et de la technologie, pour aider les familles rurales canadiennes à réduire leurs déchets. « Réduire le gaspillage alimentaire causé par les problèmes de chaîne d’approvisionnement dans des régions difficiles d’accès comme le Nord canadien entraînera une amélioration pour les gens et pour l’environnement », ajoute-t-elle.
La technologie pour surmonter les difficultés
Qu’est-ce qui empêche de nombreuses entreprises d’agir? La conformité à la réglementation environnementale est souvent invoquée comme constituant un obstacle en matière de RSE, ce qu’admet la professeure Ghaddar. Elle cite les coûts initiaux pour mettre à niveau l’équipement, les réglementations régionales complexes et le fardeau des nombreux rapports exigés.
« Ces facteurs compliquent la planification à long terme et accroissent les contraintes opérationnelles, précise-t-elle. De plus, la masse de la documentation, la surveillance continuelle et les obligations de production de rapports détaillés ajoutent au fardeau administratif des entreprises. »
Heureusement, la technologie peut selon elle faire de ces obstacles des tremplins. La professeure Ghaddar entrevoit la possibilité pour les sociétés de mettre les technologies d’intelligence artificielle au service de leurs objectifs sociaux et environnementaux. Elle avance que l’IA peut optimiser leurs activités d’exploitation et réduire leur bilan environnemental en optimisant l’affectation de leurs ressources, en réduisant leurs pertes et déchets et en améliorant leur efficience opérationnelle.
Elle estime aussi que l’IA peut faciliter la prise de décisions en matière de RSE fondées sur les données. Elle explique que l’IA, en analysant et en synthétisant de vastes ensembles de données sur la RSE, permet non seulement de gagner du temps, mais aussi d’extraire des renseignements précieux pour produire des rapports fiables et transparents sur les résultats sociaux et environnementaux à l’intention des parties intéressées.
Indépendamment de l’IA, il existe aussi pour elle d’autres moyens de trouver de nouvelles technologies permettant d’avancer sur le plan de la responsabilité sociale et environnementale. « Dialoguer avec des sociétés en démarrage, prendre part à des collaborations et à des colloques sectoriels et investir en recherche et développement » aidera les entreprises à découvrir des innovations susceptibles de leur permettre d’intégrer la RSE à leurs activités.
La professeure Ghaddar ajoute que la technologie peut aussi favoriser les initiatives internes. Elle recommande de concevoir des programmes axés sur la RSE mettant à profit la technologie, comme des plateformes d’apprentissage numérique ou des tableaux de bord du développement durable, afin de permettre aux travailleurs de devenir des artisans de la responsabilité sociale et environnementale. Elle est également convaincue que la technologie, comme les plateformes numériques de collaboration et de mise en commun d’idées, peut encourager les initiatives émanant des employés.
La technologie, épée à double tranchant ?
La professeure nuance toutefois son propos quant au potentiel immense qu’offre la technologie en matière de développement durable en indiquant que cette dernière a aussi conduit à des échecs notables ; elle cite en exemple d’ambitieux projets de ville intelligente qui ont à son avis échoué en raison, entre autres, d’une sous-estimation de la complexité des problématiques urbaines.
La technologie peut aussi manquer sa cible dans des situations où l’effort d’amélioration de l’efficience ou de réduction de la consommation des ressources entraîne une hausse globale de la consommation. « Dans certains cas, la technologie offre des solutions pour relever des défis de développement durable, mais elle peut aussi introduire de nouveaux problèmes, comme un effet rebond ; il est donc essentiel d’être prudent dans sa mise en place et de procéder à des évaluations continues », avertit-elle.
L’arsenal technologique pour des lendemains qui chantent
Pour l’avenir, la professeure Ghaddar évoque les avancées faites sur le terrain de l’innovation, qui devraient accélérer le progrès sur les plans sociaux et environnementaux et ainsi aider les entreprises canadiennes à atteindre leurs objectifs en matière de RSE.
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Les panneaux solaires améliorés et les éoliennes en mer gérés par IA rendront les énergies propres plus accessibles et plus efficaces.
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Les percées dans les technologies de batterie amélioreront la fiabilité des sources d’énergie renouvelable.
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La gestion par IA des systèmes de gestion d’énergie et des réseaux électriques intelligents optimisera l’affectation des ressources et diminuera la consommation d’énergie, avec pour effet un bilan environnemental réduit.
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Les progrès des véhicules électriques et autonomes se traduiront par des solutions de mobilité urbaine plus propres et plus efficientes.
La RSE est une chance à long terme
La professeure Ghaddar est d’avis qu’en explorant les technologies innovantes et en intégrant la RSE à leurs valeurs fondamentales, les sociétés pourront à la fois connaître la réussite à long terme et contribuer à créer une planète plus saine et une société plus équitable. En conclusion, elle affirme qu’« incorporer une stratégie d’affaires durable est bon non seulement pour l’environnement, mais peut aussi avoir une incidence positive sur les résultats de l’entreprise ».
Le présent article vise à offrir des renseignements généraux seulement et n’a pas pour objet de fournir des conseils juridiques ou financiers, ni d’autres conseils professionnels. Veuillez consulter un conseiller professionnel en ce qui concerne votre situation particulière. Les renseignements présentés sont réputés être factuels et à jour, mais nous ne garantissons pas leur exactitude et ils ne doivent pas être considérés comme une analyse exhaustive des sujets abordés. Les opinions exprimées reflètent le jugement des auteurs à la date de publication et peuvent changer. La Banque Royale du Canada et ses entités ne font pas la promotion, ni explicitement ni implicitement, des conseils, des avis, des renseignements, des produits ou des services de tiers.
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