Skip to main content

Mise à jour sur les produits agricoles : Printemps 2025

Par Le groupe Simpson/Caputo, spécialiste en contrats à terme sur marchandises, RBC Dominion valeurs mobilières, à Waterloo, en Ontario

Publié le 19 février 2025 • 11 min de lecture

Alors que le temps se réchauffe et que la #plantation2025 approche, l’heure est venue de réfléchir à un hiver marqué par des changements, des occasions et des risques. Les prochains mois s’annoncent marqués par une instabilité persistante causée par les tarifs douaniers sur les marchés des produits de base.

Soja : Le Brésil prévoit une année de production record, mais l’incertitude liée aux tarifs douaniers et aux énergies renouvelables demeure

Pour le soja, les prix ont connu une certaine hausse en raison du retard des récoltes au Brésil et des sécheresses en Argentine. De plus, les tarifs de représailles imposés par la Chine aux États-Unis se sont révélés moins sévères que prévu, les produits agricoles n’étant pas directement touchés. Tous ces facteurs ont soutenu une hausse des prix à court terme. Toutefois, certaines menaces importantes subsistent et pourraient exercer une pression à la baisse dans les semaines et les mois à venir.

Le premier facteur, et le plus évident, est l’abondance de l’offre de fèves à l’échelle mondiale. Malgré les risques de pertes de production en Argentine, le Brésil enregistrera une récolte record de soja. Cette récolte devrait faire grimper les stocks mondiaux (ou « stocks en fin d’année ») à un niveau record. Cette estimation des stocks en fin d’année tient compte d’une demande mondiale supplémentaire de 21 millions de tonnes métriques.

Deuxièmement, le risque politique s’intensifie, et la menace d’une guerre commerciale imminente a dominé l’actualité. La situation reste instable et comporte de nombreuses inconnues, entraînant une volatilité accrue et des fluctuations de prix.  

Enfin, les perspectives du secteur américain des carburants renouvelables demeurent incertaines. Le crédit d’impôt pour mélange de carburants de 1,00 $ US a pris fin le 1er janvier et a été remplacé par le nouveau système de crédit d’impôt 45Z. Au moment de la rédaction de ce rapport, la décision provisoire rendue début janvier s’avérait beaucoup moins favorable à l’huile de soja comme matière première pour le diesel renouvelable que les estimations précédentes. Cette décision provisoire sera soumise à l’approbation du nouveau gouvernement des États-Unis. Toutefois, un décret-loi visant à suspendre le financement du Green New Deal a semé le doute quant à la mise en œuvre du crédit d’impôt 45Z.

Canola : Les prix restent concurrentiels, mais la politique américaine et les éventuels tarifs représentent un risque

Les changements apportés au crédit d’impôt pour mélange de carburants de l’industrie américaine des carburants renouvelables pourraient avoir une grande incidence sur notre marché canadien du canola. Soixante-dix pour cent de toute l’huile de canola produite au Canada est exportée. Sur cette production exportée, 97 % sont destinées aux États-Unis, où environ 57 % de l’huile de canola importée du Canada est utilisée comme matière première pour la production de biocarburants. Malheureusement, cela signifie que nous sommes fortement dépendants de toute modification éventuelle de la politique liée au crédit d’impôt 45Z.

Cette dépendance signifie également que les tarifs pourraient avoir une incidence disproportionnée sur les prix du canola. C’est toutefois là que les similitudes avec le soja s’arrêtent. Contrairement au soja, l’offre de canola sur le marché intérieur et l’offre de colza à l’échelle mondiale restent limitées. Cette situation est attribuable à la sécheresse de fin de saison au Canada et aux problèmes liés à la période de végétation en Europe. De plus, les exportations se poursuivent à un rythme bien supérieur à celui nécessaire pour atteindre l’objectif du bilan actuel.

Le prix mondial du canola reste concurrentiel, ce qui devrait favoriser certains achats axés sur la valeur à court terme. À plus long terme, si la baisse des prix mondiaux des oléagineux se poursuit en raison des importantes réserves de soja, le canola risque fort de suivre la tendance. Toutefois, il devrait mieux résister aux baisses que le soja.

Céréales : Inquiétude face à l’augmentation des superficies de maïs au détriment du soja en Amérique du Nord

Maïs

Du côté des céréales, un ajustement surprise des rendements du maïs en janvier a surpris de nombreux observateurs, la saison de croissance presque idéale ayant été freinée par un mois d’août très sec dans la zone de culture du maïs aux États-Unis. Compte tenu de ce qui précède, l’estimation des stocks en fin d’année aux États-Unis est passée de plus de 2,0 milliards de boisseaux en septembre à 1,54 milliard de boisseaux en janvier.

Le programme d’exportation américain du maïs, très concurrentiel, a aussi contribué à la chute des stocks en fin d’année, ce qui a amené le USDA à mettre à jour ses prévisions d’exportation. Le début de 2025 a été marqué par un rythme soutenu des exportations, tandis que l’USDA prévoit que les stocks mondiaux en fin d’année atteindront leur niveau le plus bas depuis 2014.

À l’avenir, les analystes craignent que le maïs ne gagne en superficie plantée aux dépens du soja en Amérique du Nord. Cette crainte vient de la hausse du prix du maïs en début d’hiver par rapport au soja, portant le ratio maïs-soja de 2025 à des niveaux qui, par le passé, ont favorisé une forte augmentation des superficies de maïs. Bien que les perspectives de la demande soutiennent le maïs, la prochaine récolte de la seconde pousse de maïs au Brésil, l’évolution de la situation tarifaire avec le Mexique et le rapport de mars de l’USDA sur les intentions d’ensemencement seront des facteurs clés à surveiller.

Blé

Les stocks de blé mondiaux en fin d’année ont encore diminué cette année, les difficultés en Russie et dans l’UE ayant fait chuter le ratio stock/utilisation à son plus bas niveau depuis 2014. Les prix n’ont pas encore reflété ce resserrement, car l’abondance de l’offre en provenance d’Australie et d’Argentine a permis de maintenir un approvisionnement soutenu sur le marché. Le risque lié à la guerre a perdu de son influence sur le marché, les exportations ukrainiennes étant proches des niveaux d’avant-guerre.

Dans les mois à venir, le marché suivra de près la saison de croissance dans l’hémisphère Nord, en particulier la reprise des cultures en Russie et aux États-Unis après le repos hivernal. Les deux cultures ont souffert de la sécheresse à l’automne et de possibles problèmes de dessiccation hivernale le mois dernier, accentuant ainsi la nécessité d’une saison de croissance idéale ce printemps.

Bétail : Même si les perspectives sont bonnes pour les éleveurs de bovins et de porcs au Canada et aux États-Unis, des enjeux commerciaux imminents pourraient freiner le marché en début d’année

Bovins

Du côté des marchés du bétail, des cheptels limités et une offre restreinte continueront d’influencer les marchés des bovins sur pied et du bœuf tout au long de 2025. L’année a débuté avec des prix au comptant record pour les bovins d’engraissement et les bovins sur pied. Le cheptel total de bovins en Amérique du Nord devrait être légèrement inférieur à celui de 2024. L’expansion des troupeaux reste limitée, les stocks de génisses ayant diminué de 3,4 % par rapport à l’an dernier et de 1,6 % par rapport à la moyenne quinquennale, atteignant ainsi leur niveau le plus bas depuis 2019. 

En conséquence, les marchés des bovins sur pied, de bovins d’engraissement et de bœuf en caisse de carton en gros intègrent déjà une prime de risque en raison des prévisions de resserrement de l’offre et des incertitudes du marché. Cependant, malgré l’optimisme sur le marché du bœuf, les éleveurs de bovins canadiens et américains font face à divers défis potentiels en ce début d’année 2025.

Le premier défi est survenu à la fin de 2024 avec la fermeture de la frontière américaine aux bovins d’engraissement mexicains. Cette fermeture, en vigueur depuis le 22 novembre 2024, fait suite à la détection de la lucilie bouchère chez les bovins mexicains. La fermeture a touché près de 100 000 bovins d’engraissement destinés à franchir la frontière américaine. L’offre de bovins d’engraissement étant déjà historiquement limitée en raison des sécheresses de la période de 2020-2022, la fermeture de la frontière n’a fait qu’aggraver la situation.

Le deuxième facteur de risque majeur est la menace de tarifs douaniers à la suite du changement d’administration aux États-Unis. Le marché du bœuf en gros devrait être le plus directement touché par les tarifs douaniers. Étant donné que le bœuf en gros est vendu par contrats à long terme, l’incertitude liée à une éventuelle hausse des coûts attribuable aux tarifs a contraint les abattoirs à augmenter leurs prix.  Les exploitants d’abattoirs ignorent tout simplement quels seront les prix dans 8 à 12 mois.

Bien que les perspectives des prix du bétail restent optimistes, les éleveurs font maintenant face à de nouveaux défis « externes », notamment les politiques gouvernementales et les dynamiques commerciales. Ainsi, avec des prix moyens à la hausse, une volatilité supérieure à la moyenne est également à prévoir. Les marchés nationaux et internationaux de la viande bovine sont soumis à des incertitudes macroéconomiques et politiques considérables. Jamais dans l’histoire le risque financier pour les producteurs de bœuf n’a été aussi élevé, en raison de la hausse des coûts et des dépenses de remplacement atteignant des niveaux sans précédent. La gestion du risque de prix devrait être au cœur des préoccupations des producteurs de bovins de boucherie en 2025.

Porc

Le marché du porc a également connu des prix exceptionnellement élevés tout au long de l’hiver. Comme pour le bœuf, les perspectives du porc restent positives pour 2025. Des approvisionnements plus faibles que prévu et une demande plus forte qu’anticipée, tant sur le marché intérieur qu’à l’exportation, ont entraîné une hausse des prix.

Après une brève période de stabilité dans le secteur porcin nord-américain, une nouvelle vague de liquidation semble en cours chez les producteurs américains, les niveaux d’approvisionnement étant inférieurs aux attentes de l’industrie. Pour la cinquième année consécutive, l’industrie n’a connu ni croissance ni expansion. La demande de porc a également été un facteur clé ayant contribué aux prix des porcs plus élevés que la moyenne durant l’hiver. Sur une base concurrentielle, le porc reste bon marché par rapport aux protéines concurrentes. Cet avantage a attiré les consommateurs soucieux des prix, à la recherche d’un meilleur rapport qualité-prix alors que leur budget alimentaire est mis à l’épreuve par les dépenses hivernales et les factures du temps des Fêtes.

Le marché de l’exportation présente à la fois des occasions et des risques. Près d’un quart de la production porcine totale des États-Unis est exporté, la majeure partie étant destinée au Mexique. Les éventuels tarifs commerciaux américains contre le Mexique pourraient entraîner des représailles touchant le porc et d’autres matières premières. La perte du Mexique comme acheteur clé du porc américain serait lourde de conséquences et risquerait d’entraîner une chute généralisée des prix du porc aux États-Unis. Les producteurs de porcs devraient surveiller de près l’évolution du contexte géopolitique, car une guerre commerciale avec le Mexique – ou même le Canada – aurait une incidence négative sur les prix du porc.

Le présent article vise à offrir des renseignements généraux seulement et n’a pas pour objet de fournir des conseils juridiques ou financiers, ni d’autres conseils professionnels. Veuillez consulter un conseiller professionnel en ce qui concerne votre situation particulière. Les renseignements présentés sont réputés être factuels et à jour, mais nous ne garantissons pas leur exactitude et ils ne doivent pas être considérés comme une analyse exhaustive des sujets abordés. Les opinions exprimées reflètent le jugement des auteurs à la date de publication et peuvent changer. La Banque Royale du Canada et ses entités ne font pas la promotion, ni explicitement ni implicitement, des conseils, des avis, des renseignements, des produits ou des services de tiers.

Partager cet article

Sujets:

Agriculture Perspectives secteur commercial