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Comment prendre des décisions en période de stress

Par l'équipe Investisseur inspiré

Publié le 14 novembre 2022 • 9 min de lecture

Vous souvenez-vous de l’époque récente où vous pouviez acheter plus d’articles qu’aujourd’hui à l’épicerie pour le même montant? Ou quand il était possible de financer l’achat d’une nouvelle voiture en contractant un prêt sans intérêt? Ou lorsqu’il était plus abordable de louer une propriété que d’en acheter une?

L’économie, actuellement marquée par une inflation et des taux d’intérêt élevés, teinte nos journées d’incertitude, d’anxiété et de prises de décisions qui semblent sans fin.

Même si vous êtes normalement bien arrêté dans vos décisions, le doute vous assaille sans doute en ce moment. Des choix simples peuvent maintenant sembler difficiles à faire. Sans parler des décisions plus complexes, comme celles concernant votre portefeuille de placements, qui pourraient vous laisser aux prises avec une incertitude accrue.

L’effort actuellement requis pour prendre des décisions éclairées n’est pas uniquement attribuable aux incertitudes qui planent sur l’avenir, mais aussi à la façon dont le cerveau traite ces choix, déclare Cendri Hutcherson, directrice du Decision Neuroscience Laboratory, professeure adjointe en psychologie de l’Université de Toronto et titulaire d’un poste partagé au département de marketing de la Rotman School of Management.

Il y a deux modes d’utilisation du cerveau pour prendre des décisions, explique-t-elle, et chacun fait appel à des circuits différents. Le premier mode, utilisé dans les situations que nous connaissons bien, est plus automatique et ancré dans nos habitudes. Il se fonde sur les leçons que nous avons tirées de nos expériences antérieures. Le deuxième mode, destiné aux nouvelles circonstances, est plus souple et se rabat sur ce qui a déjà fonctionné dans le passé, même si ce n’est pas pertinent à la situation actuelle.

« Avec ce deuxième mode plus souple, les neurones fonctionnent différemment et semblent particulièrement vulnérables au stress », affirme Cendri Hutcherson, qui est également titulaire de la Chaire de recherche du Canada en neuroscience décisionnelle.

Autrement dit, le stress que vous ressentez et qui pourrait être lié au fait de vous retrouver en territoire inconnu, comme le risque actuel de voir le pays plonger en récession, pourrait entraver la capacité de votre cerveau de prendre de bonnes décisions.

Bien entendu, vous ne devriez pas pour autant baisser les bras ou jouer à pile ou face. Cendri Hutcherson propose les conseils suivants pour améliorer votre capacité à prendre des décisions lorsque vous êtes sous pression.

Prenez votre temps

Vos parents avaient raison en vous disant que la nuit porte conseil. En général, les gens font de meilleurs choix lorsqu’ils tiennent compte de tous les facteurs en jeu, ce qui n’est pas facile lorsqu’on se sent pressé.

Malheureusement, nous sommes programmés par l’évolution à faire des évaluations hâtives en période de stress, précise Mme Hutcherson. « Au milieu de la savane, c’est la rencontre éventuelle avec un prédateur, comme un lion ou un serpent, qui provoque le stress. Et vous serez croqué vif si vous prenez le temps d’évaluer toutes vos options », ajoute-t-elle. Évidemment, une telle réaction est moins adaptée à un contexte moderne. Il faut donc s’efforcer de ralentir et de soupeser toutes les options.

Une bonne stratégie dans certaines situations consiste à tout arrêter, à sortir votre agenda et à vous fixer un « rendez-vous » le lendemain pour prendre votre décision. Ensuite, avant l’échéance, adonnez-vous à des activités simples comme aller marcher ou accomplir des tâches domestiques, pour vous donner beaucoup de temps de réflexion. Faire un placement peut parfois exiger de réfléchir rapidement, mais une simple pause peut vous éviter de prendre une décision irréfléchie qui ne cadre pas avec votre plan d’ensemble.

Profitez au maximum de vos matinées

La prise de décision efficace exige des efforts considérables. Au fil d’une longue journée où vous avez à faire une série de choix, parfois simples (comme décider quoi porter) ou difficiles (comme choisir une garderie qui répond à vos besoins et à votre budget), votre cerveau peut perdre de son acuité en matière de prise de décision.

« Le cerveau veut tout simplement se reposer et ne plus avoir à fournir d’effort, affirme Mme Hutcherson. Or, ce genre de situation peut nous amener à prendre des décisions sans tenir compte de tous les facteurs. »

En donnant priorité aux décisions les plus difficiles tôt le matin, que ce soit en matière de placements ou autre, vous profitez de votre cerveau alors qu’il est frais et dispos et êtes plus susceptible de tenir compte d’aspects importants dont vous pourriez faire fi autrement.

Tenez compte de votre humeur

Ce que vous ressentez peut influer sur vos décisions d’une manière qui peut sembler non pertinente à la question en jeu. Par exemple, si vous êtes préoccupé après avoir appris qu’un ami est malade, vous risquez d’être plus réfractaire au risque qu’en temps normal, même si les décisions que vous avez à prendre n’ont rien à voir avec des questions de santé.

Par ailleurs, les décisions qui entraînent des résultats difficiles ou agréables sur le plan émotionnel mobilisent certains systèmes neurologiques qui font en sorte que notre cerveau se préoccupe davantage du présent que de l’avenir, souligne Mme Hutcherson. C’est une des raisons pour lesquelles nous pouvons abandonner un régime le temps de savourer un dessert ou choisir de dépenser un remboursement d’impôt de façon frivole au lieu de l’investir pour l’avenir.

« Il est important de prendre conscience de ces effets, car ils peuvent modifier vos comportements », explique Mme Hutcherson.

Les émotions peuvent peser sur nos décisions en matière de placements de façon que nous ne soupçonnons peut-être pas, en raison d’un certain nombre de biais cognitifs. Pour en savoir plus, consultez l’article « Pouvez-vous améliorer vos décisions de placement? ».

Méfiez-vous des normes sociales

Lorsque notre cerveau s’engage dans la prise de décision du deuxième mode souple, il ne tient pas uniquement compte de nos expériences personnelles. Étant donné que nos apprentissages découlent en grande partie de l’observation des autres, leur comportement peut également influer sur nos choix.

Par exemple, au plus fort de la pandémie, il se peut que vous soyez allé voir un ami avec qui vous aviez décidé de former une « bulle », mais, qu’une fois sur place, il y avait un rassemblement. Ou il vous est peut-être arrivé qu’une personne ne portant pas de couvre-visage vous aborde dans la rue. Face à une telle situation, vous vous êtes peut-être dit que le risque était élevé, suppose Mme Hutcherson, mais que, puisque d’autres personnes étaient prêtes à prendre ce risque, vous avez décidé de faire de même. Un peu plus tard, avec le recul, vous vous êtes peut-être dit que vous auriez dû vous affirmer davantage.

Cela vous est déjà arrivé? Sachez que bien des personnes cèdent également à la pression en matière de placement, surtout quand il y a un engouement pour certaines actions ou certains secteurs.

Quelle est donc la solution? Pensez à inclure certaines vérifications à votre processus de décision et assurez-vous de bien comprendre pourquoi les autres agissent ainsi, au lieu de suivre aveuglément la tendance, conseille Mme Hutcherson.

Cherchez de judicieux conseils

Si vous sollicitez l’aide d’autres personnes pour prendre une décision, portez une attention particulière aux personnes que vous consultez. « Si vous demandez de l’aide à quelqu’un qui aime prendre des risques, alors que ce n’est pas votre cas, il pourrait ne pas être judicieux pour vous de suivre ses conseils parce que vos préoccupations ne sont aucunement les mêmes », affirme Mme Hutcherson.

Demandez-vous « à quoi n’ai-je pas porté attention? »

Les recherches indiquent que ce qui vous préoccupe a d’importantes conséquences sur vos choix, surtout lorsqu’il s’agit de décisions financières. « Les personnes qui s’inquiètent sans cesse de subir des pertes feront des choix comportant beaucoup moins de risques, alors que celles qui pensent en termes de bénéfices vont prendre des décisions plus axées sur le risque, explique Mme Hutcherson. En prenant le temps de vous demander si vous omettez de tenir compte de certains aspects, vous pourriez faire des choix avec lesquels vous serez plus à l’aise en fin de compte. »

Faites preuve d’empathie

En réfléchissant à la manière dont vos actions pourraient affecter les autres, vous pouvez prendre des décisions plus judicieuses. Nous avons pu le constater quand il était question de porter un masque il n’y a pas si longtemps : le taux d’adhésion a grimpé lorsque les personnes ont compris que le port du masque aidait à protéger les autres, alors que le virus se répandait de plus en plus. Cela dit, il faut aussi faire preuve d’empathie envers soi-même, tant envers notre soi actuel que celui de demain, estime Mme Hutcherson.

« Si nous ne faisons pas les bons choix pour notre soi futur, c’est en partie parce que nous le voyons comme une autre personne. En prenant le temps de retrouver votre soi futur comme si c’était votre soi d’aujourd’hui, vous serez plus sensible à ses désirs et besoins. Cela peut entraîner des choix plus pondérés que vous allez moins regretter », affirme-t-elle.

En même temps, il faut aussi faire preuve d’indulgence envers soi-même en cas de mauvaise décision en période de stress. « Chaque décision semble, dans le vif du moment, si lourde de conséquences. Parfois, vous avez à choisir entre deux maux parce qu’il n’y a pas d’option favorable. Reconnaissez-le et ne vous jugez pas trop sévèrement, conseille Mme Hutcherson. Ne vous affligez pas à propos d’une erreur que presque tout le monde aurait commise.

Le présent article vise à offrir des renseignements généraux seulement et n’a pas pour objet de fournir des conseils juridiques ou financiers, ni d’autres conseils professionnels. Veuillez consulter un conseiller professionnel en ce qui concerne votre situation particulière. Les renseignements présentés sont réputés être factuels et à jour, mais nous ne garantissons pas leur exactitude et ils ne doivent pas être considérés comme une analyse exhaustive des sujets abordés. Les opinions exprimées reflètent le jugement des auteurs à la date de publication et peuvent changer. La Banque Royale du Canada et ses entités ne font pas la promotion, ni explicitement ni implicitement, des conseils, des avis, des renseignements, des produits ou des services de tiers.

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