Publié le 20 mai 2022 • 9 min de lecture
Alors que l’économie canadienne semble être sur la voie de la reprise post-pandémique, les contrecoups de la pandémie de COVID-19 se font encore ressentir, et d’autres évènements mondiaux perturbent davantage la chaîne logistique mondiale. Comme les perturbations semblent devenir la « nouvelle normalité », la mise en place de chaînes logistiques résilientes et de stratégies de production permettant aux entreprises de composer avec les pressions futures est essentielle. Dans ce webinaire, Mise en place d’une chaîne logistique résiliente, un groupe d’experts partagent leurs expériences et leurs points de vue, qui peuvent aider les entreprises à développer la résilience indispensable pour réussir.
Lynette Gillen, vice-présidente, Solutions commerciales et commerce international, RBC, est accompagnée de Nathan Janzen, économiste en chef adjoint, RBC, et du professeur David Johnston, titulaire de la Chaire de recherche et directeur général du Centre sur les chaînes logistiques durables George Weston Limitée.
État de la chaîne logistique mondiale
Pour mettre la table au sujet de l’état actuel de la chaîne logistique mondiale, Nathan Janzen a fourni le contexte en déterminant les éléments clés de l’économie mondiale qui ont une incidence.
« Il existe de nombreux problèmes », a admis M. Janzen, indiquant que, bien que les répercussions économiques de la pandémie aient diminué en Amérique du Nord, la pandémie se poursuit à l’échelle mondiale, ce qui constitue un risque constant pour l’approvisionnement. Le conflit entre la Russie et l’Ukraine est également un élément perturbateur pour la chaîne logistique mondiale. « Parallèlement, la demande reste exceptionnellement forte », a-t-il énoncé. « Les ménages ont encore beaucoup d’argent à dépenser et la composition de la demande est telle que la consommation de marchandises est encore plus importante. Le secteur des services de l’économie les secteurs du voyage et du tourisme d’accueil à forte proximité physique continue de se redresser. » Et tandis que la demande pour les marchandises est forte, l’offre s’avère limitée, entraînant une hausse des prix à la consommation. « Il nous reste de nombreux défis à relever concernant la production de biens et la chaîne logistique au sein de l’économie », a-t-il ajouté.
Principaux changements pour les entreprises
Comment les entreprises se sont-elles adaptées ? Le professeur David Johnston a expliqué que maintes discussions ont lieu dans les conseils d’administration de toute l’Amérique du Nord à propos de la gestion des pénuries d’approvisionnement et de l’importance de renforcer la résilience au regard des perturbations anticipées dans un avenir proche. Il a noté que certaines entreprises envisagent de multiplier le nombre de fournisseurs avec lesquels elles traitent et/ou d’augmenter les stocks. « Cependant, comme vous pouvez l’imaginer, certaines de ces [solutions] ne sont pas très populaires, car elles peuvent entraîner des coûts », a-t-il expliqué.
De plus, de nombreuses conversations portent sur l’amélioration des prévisions et le dialogue s’enrichit avec les clients en aval de la chaîne logistique et avec les fournisseurs en amont. Selon lui, « la délocalisation à proximité suscite également plus d’intérêt que la délocalisation dans des régions éloignées ». Il a ajouté qu’il « paraît peu probable que cela se produise à court terme, car les chaînes logistiques sont bien ancrées dans le commerce international et le commerce transfrontalier ».
Le professeur Johnston a expliqué que, compte tenu des pénuries de produits de toutes sortes, des micropuces à certains ingrédients de base et biens de consommation, certaines entreprises réduisent les variétés d’un produit alimentaire qu’elles produisent, en fonction de ce qu’elles peuvent réellement mettre en rayon. « Et certaines organisations commencent à changer leurs politiques dans les domaines de l’achat et de la gestion de la demande, de même que la façon dont elles gèrent leur logistique, leur distribution et leur transport. »
Défis communs rencontrés par les propriétaires d’entreprise
Bien que toutes les entreprises aient des besoins et des défis différents, les propriétaires d’entreprise au Canada ont été confrontés à des obstacles communs. Même les entreprises dont les produits sont principalement fabriqués au Canada ont dû composer avec des problèmes liés à l’approvisionnement en matières premières et à l’expédition à l’échelle internationale. Le groupe a discuté de l’incidence importante de l’indexation salariale et des pénuries de main-d’œuvre sur nombre d’entreprises, notamment dans les secteurs de l’entreposage, du camionnage, du commerce de détail et de la fabrication. De plus, en raison des pénuries et des hausses de prix de l’immobilier, il est devenu très difficile de trouver un espace d’entreposage.
Qui a réussi ?
Le professeur Johnston a expliqué que les entreprises ayant adopté une gestion efficace sont celles qui s’en sont le mieux sorties. « Les entreprises qui ont été proactives… et qui ont eu des dirigeants visionnaires et les bonnes valeurs ont pu prospérer », a-t-il dit. « Les bonnes personnes sont habiles en gestion de crise elles savent comment prendre les devants et s’assurer que les choses se fassent. Elles savent également comment amener les gens à travailler ensemble. »
En outre, il a ajouté que les entreprises qui ont commencé une transformation numérique avant la pandémie étaient plus aptes à s’adapter aux perturbations. « Elles utilisaient déjà largement les données et analyses, et pouvaient collecter ces informations pour prendre des décisions en temps réel lorsque la crise a eu lieu, elles ont donc pu être agiles et ont su à quoi affecter les ressources. »
Enfin, les entreprises entretenant de bonnes relations avec les fournisseurs ont été capables de mieux gérer les perturbations de la chaîne logistique, soit par le dialogue avec les fournisseurs, qui leur a permis de « résoudre les problèmes », soit par leur position de pouvoir au sein de l’industrie, qui les a autorisées à exercer de l’influence sur les fournisseurs. « De bonnes relations doivent être établies pour garantir un approvisionnement de qualité, à un bon prix et dans les délais », a déclaré le professeur Johnston, que ce soit ou non au cours d’une pandémie.
L’incidence des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance
Aujourd’hui, de nombreuses entreprises intègrent les objectifs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans leurs pratiques. Le groupe d’experts a discuté de l’importance des critères ESG dans le contexte actuel et de leur fonction en lien avec la gestion de la chaîne logistique.
« La prochaine perturbation pourrait découler d’une crise sociale ou environnementale », a expliqué M. Johnston, en précisant que le changement climatique (sous la forme d’incendies de forêt et d’inondations) a déjà fortement ébranlé les chaînes logistiques. « Et relativement à la chaîne logistique, tout se résume à comment vous créerez un lien de confiance entre les organisations, les fournisseurs et les clients. » Il a également exposé qu’il sera nécessaire de former les professionnels de la chaîne logistique à composer avec les préoccupations sociales et environnementales et à sortir des sentiers battus. « Traditionnellement, [les professionnels de la chaîne logistique] pensaient aux coûts de gestion, à la qualité et à la productivité », a-t-il dit. Désormais, il faudra changer de cap et poser des questions telles que : comment pouvons-nous éliminer le carbone de l’atmosphère ? Comment pouvons-nous changer nos politiques des ressources humaines pour faire travailler plus de personnes issues de communautés dans lesquelles nous n’avons pas l’habitude d’embaucher ? Comment faire participer davantage de petites et moyennes entreprises ? Comment pouvons-nous créer une chaîne logistique inclusive ?
Perspectives à court terme
Quant à l’avenir, M. Janzen a présenté les perspectives à court terme qui, selon lui, sont « assez positives ». Alors que la reprise économique au Canada se poursuit après la pandémie, les secteurs du voyage et du tourisme d’accueil offrent des possibilités de croissance, mais des perturbations continueront à se répercuter sur des secteurs spécifiques pendant un certain temps. Le secteur automobile, par exemple, sera confronté à une production automobile limitée pendant quelque temps, étant donné les pénuries de puces. La disponibilité réduite de la main-d’œuvre ralentira davantage la croissance. « Au Canada, le taux de chômage n’a jamais été aussi bas depuis 1976. Toutefois, si vous regardez le nombre d’offres d’emploi sur le site Indeed.com, il est plus élevé de 70 %. Il y a donc 70 % de postes à pourvoir de plus qu’avant la pandémie, mais les entreprises se battent pour avoir 5 % de chômeurs en moins. »
Les revenus salariaux étant en hausse, les achats domestiques sont plus nombreux, ce qui occasionne une accélération de l’inflation. Pour freiner cette hausse, la Banque du Canada augmente les taux d’intérêt. M. Janzen s’est empressé de souligner que la situation n’est toutefois pas entièrement négative, que la question réside dans la durée de cette demande élevée des consommateurs et dans la possibilité qu’elle se maintienne assez longtemps pour que les entreprises en profitent vraiment.
Même si la pandémie ralentit, les perturbations, quelles qu’elles soient, représenteront certainement la nouvelle normalité. Les entreprises qui sont préparées, agiles, collaboratives et qui entretiennent de solides relations avec leurs fournisseurs sont plus susceptibles de se démarquer. Adopter les nouvelles technologies et les pratiques ESG aidera également les entreprises à traverser d’autres crises et à contrer plus rapidement et mieux les effets des perturbations à venir, puisqu’elles disposeront de meilleurs outils pour prévoir, suivre et s’adapter.
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