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Naviguer en eaux troubles : comment les entreprises changent de cap dans un contexte de défis commerciaux mondiaux

Par Stephanie Gilman

Publié le 18 juin, 2024 • 11 min de lecture

Même si les événements récents survenus en mer Rouge ont provoqué des revers temporaires, la situation considérée dans son ensemble met en évidence une combinaison de facteurs contribuant aux défis qui se posent sur le plan du commerce international. Poursuivez votre lecture pour découvrir des stratégies concrètes permettant d’atténuer les risques et de continuer à faire preuve de résilience en période de turbulences.

Si tout voyage en mer présente en soi un caractère imprévisible, les entreprises de toutes tailles s’efforcent de maintenir leurs marchandises à flot tout en naviguant dans les méandres de la conjoncture maritime mondiale actuelle. Même si les événements récents survenus en mer Rouge ont provoqué des revers temporaires, la situation considérée dans son ensemble met en évidence une combinaison de facteurs contribuant aux défis qui se posent sur le plan du commerce international. Nous nous sommes donc tournés vers notre réseau de clients de RBC, et notamment vers Christian Siviere, de la société X, et Phil Hsieh, de la société East Mountain Forest Products, pour recueillir leurs réflexions sur la façon d’atténuer les risques et de continuer à faire preuve de résilience en période de turbulences.

Perturbations en mer : séparer les faits des craintes

Les attaques des rebelles houthis menées en mer Rouge ayant forcé les navires de charge à changer de cap et à réaliser un long et onéreux détour, les entreprises sont confrontées aux perturbations qui affligent leurs chaînes d’approvisionnement. Près de 15 % du commerce mondial et 30 % du trafic mondial de conteneurs empruntant généralement le canal de Suez, ces perturbations vont bien au-delà de simples inconvénients, dans la mesure où elles ont une incidence marquée sur le commerce mondial.

« Tout le monde est touché par la crise qui sévit en mer Rouge – en vérité, nous nous retrouvons tous dans le même bateau, déclare Christian Siviere, un conseiller chevronné en commerce international. Nous avons observé les mêmes problèmes que ceux qui sont survenus lors de la pandémie, alors que les prix ont explosé et que le transport maritime a ralenti. »

Cependant, Christian Siviere affirme que la hausse des prix du fret ne découle pas nécessairement de la crise sévissant en mer Rouge.

Celui-ci de poursuivre : « Si ce n’est des premiers mois, la crise touchant la mer Rouge n’a pas eu d’impacts véritablement marqués sur le transport maritime. La situation s’est généralement stabilisée. Si les prix sont actuellement en hausse, cette situation est imputable aux manœuvres spéculatives ou à l’anticipation de la haute saison qui approche. »

Christian Siviere ajoute que le caractère fortement déréglementé du transport maritime fait en sorte que les prix sont difficiles à prévoir. En effet, comme il le souligne : « Il ne s’agit pas d’une science exacte et il n’existe pas de juste prix. Un jour, il faut compter 1 000 $ pour un conteneur d’expédition, tandis qu’il faut compter 10 000 $ le lendemain. »

Dans le cas de la crise de la mer Rouge, qui a amené les navires à changer de parcours pour emprunter des itinéraires beaucoup plus longs, contournant l’Afrique du Sud, les primes d’assurance et les tarifs de transport ont temporairement augmenté. Cependant, il insiste sur le fait que de telles fluctuations sont monnaie courante. « Ces effets des événements mondiaux ne durent pas très longtemps, car nous sommes confrontés à un marché qui connaît de fortes fluctuations en fonction de l’offre et de la demande », explique-t-il.

Pour Phil Hsieh, directeur général de la société East Mountain Forest Products – une entreprise qui est active dans le domaine de l’importation et de l’exportation de produits forestiers et de matériaux de construction –, la crise de la mer Rouge ne représente qu’un seul des nombreux obstacles que les partenaires commerciaux ont dû surmonter.

« Des événements de ce genre sont monnaie courante. Cependant, les gens jadis n’étaient pas au courant puisque les grands médias n’en parlaient pas, dit-il. À l’époque, l’information ne circulait pas si vite, de telle sorte que la marge dont vous disposiez pouvait protéger votre entreprise de ce genre de perturbations. Aujourd’hui, alors que les nouvelles se répandent presque instantanément, non seulement les entreprises commencent-elles à s’inquiéter, mais le grand public s’inquiète lui aussi. »

Phil Hsieh affirme que cette transmission rapide de l’information a en quelque sorte un effet d’entraînement, alors que les compagnies de transport maritime choisissent de hausser de manière préventive leurs tarifs afin d’atténuer les risques et de contrer l’incertitude. Et si son entreprise n’est pas fortement tributaire de l’itinéraire touché, les répercussions se font sentir sur l’ensemble du secteur de la logistique. Il explique que, lorsque d’autres entreprises recherchent des itinéraires de rechange, cela peut entraîner une augmentation de la demande dans les pays d’où il importe, ce qui peut entraîner une hausse des prix de la part des fournisseurs.

Et d’ajouter : « Je pourrais être tenu de payer un prix plus élevé tandis que notre client pourrait ensuite trouver un endroit moins cher. De sorte que ce phénomène perturbe complètement la chaîne d’approvisionnement. » Cependant, il rappelle que de telles perturbations présentent un caractère cyclique et ne sont pas rares. En effet, comme il le souligne : « ce genre de situation se produit tous les trois à quatre ans, et ce phénomène n’est pas inhabituel ».

Faire face à la tempête : stratégies pour les entreprises commerciales

Malgré les défis auxquels sont confrontées les entreprises commerciales, elles peuvent trouver des moyens de poursuivre leurs activités. Voici un certain nombre de stratégies clés.

Anticiper et se préparer

Christian Siviere affirme que les petites et moyennes entreprises devraient anticiper les obstacles en matière de transport et se préparer en conséquence. Il conseille à ses clients de constituer des stocks et de se doter dans la mesure du possible d’une chaîne d’approvisionnement locale ou régionale.

Phil Hsieh souscrit à ce conseil, notant que, si ses clients disposent de stocks suffisants pour leur permettre de traverser des périodes marquées par l’inflation, ils peuvent alors s’en sortir. « S’ils ne disposent pas de ces stocks excédentaires, la situation est plus délicate, car si vous n’êtes pas disposé à acquitter les frais de transport, vous allez vous retrouver avec des étagères vides », souligne-t-il. En effet, le fait de disposer de stocks excédentaires offre une mesure de protection contre les retards ou les perturbations qui pourraient affliger la chaîne d’approvisionnement, de telle sorte que les entreprises peuvent s’assurer de continuer d’être en mesure de répondre à la demande des clients.

Diversifier votre réseau

Une autre tactique pour faire face aux perturbations dans le domaine du transport consiste à diversifier le flux géographique des marchandises afin de mettre en place une chaîne d’approvisionnement plus résiliente. En effet, le fait de disposer de plusieurs sources d’approvisionnement réduit le risque qu’une perturbation donnée puisse entraîner un arrêt complet des activités.

« Si vous prévoyez réaliser une expédition importante sous peu, vous devriez envisager de la scinder en deux et de suivre deux itinéraires différents », souligne Christian Siviere. Il note que, si cette stratégie peut entraîner dans un premier temps une hausse des coûts, elle peut cependant permettre à votre entreprise de maintenir ses activités.

L’entreprise de Phil Hsieh a recours à des fournisseurs situés dans des pays différents, ce qui les empêche de ne dépendre que d’une seule route donnée pour combler leurs besoins en matière d’expédition. Il adapte également les opérations en fonction de l’évolution des conditions du marché.

Et d’ajouter : « Nous importons et exportons simultanément, de telle sorte que nos expéditions circulent toujours dans les deux sens. Ainsi, lorsque nous observons une situation telle que celle qui prévaut en mer Rouge, nous choisissons d’exporter davantage vers l’Asie ou l’Europe. Les choses finissent toujours par s’équilibrer. »

Demeurer en communication

Le fait pour les importateurs comme pour les exportateurs de maintenir un dialogue constant avec les fournisseurs et les clients quant à des changements de prix et à des problèmes éventuels touchant la chaîne d’approvisionnement peut contribuer à renforcer la confiance et à favoriser la collaboration.

Phil Hsieh affirme que son entreprise est tout à fait consciente, pour en avoir fait l’expérience, du caractère essentiel de communiquer de façon urgente et honnête, alors qu’il se rappelle des enseignements tirés des tout débuts de la pandémie.

« À l’époque, nous n’avons pas réagi suffisamment rapidement, de sorte que nous savons désormais qu’il faut avertir nos distributeurs et nos clients du fait que les prix pourraient augmenter, dit-il. Comme il se pourrait fort bien que nos clients apprennent la nouvelle encore plus rapidement que nous, il ne sert à rien de tenter de faire abstraction d’une situation comme celle qui concerne la crise de la mer Rouge. Nous devons donc faire preuve de transparence et travailler de concert avec nos clients et nos fournisseurs. »

Assurer le suivi

Christian Siviere souligne également combien il importe de tisser de solides relations avec les membres de votre réseau de chaînes d’approvisionnement, notamment pour faire en sorte que les entreprises puissent maîtriser comme il se doit l’état de leurs expéditions.

« La logistique n’est pas quelque chose que l’on peut laisser au hasard ou pour laquelle on peut simplement improviser, dit-il. Il faut s’impliquer davantage, connaître ses fournisseurs et partenaires de transport maritime, en plus d’entretenir de bonnes relations, afin que l’information puisse circuler comme il se doit. »

En outre, il estime qu’il est essentiel de disposer d’un système de suivi des marchandises fiable afin qu’il soit possible de savoir en tout temps où se trouvent les marchandises.

Une industrie en transition

Hormis la situation actuelle qui prévaut en mer Rouge, il convient de souligner que la conjoncture maritime mondiale connaît une transformation marquée. Christian Siviere souligne que les nouvelles lois et la nouvelle réglementation en matière de travail, de même que les sanctions commerciales internationales, rehaussent encore le niveau de complexité auquel sont exposées les entreprises, et notamment les petites et moyennes entreprises.

« Si ces politiques répondent à un objectif important, elles présentent des défis pour les entreprises, qui sont désormais tenues de suivre de nouvelles réglementations et de respecter de nouvelles obligations en matière de reddition de comptes, affirme Christian Siviere. Plus votre entreprise est petite, plus il est difficile de s’adapter à l’ensemble de ces nouvelles règles, car vous ne disposez pas alors des mêmes ressources que celles dont jouissent les grandes entreprises. »

Christian Siviere affirme éprouver de la sympathie pour les nouveaux entrepreneurs qui souhaitent lancer une entreprise tout en tentant de s’y retrouver parmi les nombreuses exigences existantes.

Et d’ajouter : « Actuellement, les choses sont assez délicates pour les entreprises et il faut se préparer davantage. »

Malgré les défis propres au commerce international, s’offrent aux entreprises des occasions de s’adapter et de prospérer. En demeurant informées, en favorisant l’agilité et en tirant parti des ressources disponibles, les sociétés commerciales peuvent gérer ces complexités comme il se doit en faisant preuve de résilience et en planifiant de manière stratégique.

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Le présent article vise à offrir des renseignements généraux seulement et n’a pas pour objet de fournir des conseils juridiques ou financiers, ni d’autres conseils professionnels. Veuillez consulter un conseiller professionnel en ce qui concerne votre situation particulière. Les renseignements présentés sont réputés être factuels et à jour, mais nous ne garantissons pas leur exactitude et ils ne doivent pas être considérés comme une analyse exhaustive des sujets abordés. Les opinions exprimées reflètent le jugement des auteurs à la date de publication et peuvent changer. La Banque Royale du Canada et ses entités ne font pas la promotion, ni explicitement ni implicitement, des conseils, des avis, des renseignements, des produits ou des services de tiers.

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